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Dimanche 23 avril 2023 – Montebello, Paese Vecchiu, Blockhaus Teghime, galeries de Fort Lacroix, Grotta Gradiccia

Dimanche 23 avril 2023
Spéléo et urbex – visite, prospection, désob, chiro, histoire, botanique
Montebello, Paese Vecchiu, Blockhaus Teghime, galeries Fort Lacroix, Grotta Gradiccia – Bastia

Participants
ITP : Wanda C., Henri-Pierre F., Jean-Claude L. M., Marie Pierre R.
La toutounette : Nala

TPST : 1h00
Photos

Journée chargée au programme. Pas moins de 7 objectifs fixés :

1/ Prospection et désobstruction site de Montebello
2/ visite du village abandonné de Paese Vecchiu
3/ Visite des blockhaus de Teghime
4/ bilan des orchidées de la carrière de Barbaggio
5/ Mesures de la longueur des mines d’eau de Fort Lacroix
6/ Visites et mesures de longueur des Galeries du Fort Lacroix
7/ Visite de la grotte de la Gradiccia

On se retrouve donc au local à 9 heures autour de la machine à café.

1/ Direction le village abandonné de Paese Vechju. Jean-Claude a parcouru le chemin en VTT la semaine précédente. On laisse la voiture de Marie Pierre en aval du village au bord de la route de Saint Florent et on rejoint la piste de départ 1km ½ plus loin un peu avant la fontaine du Bourreau avec le 4×4 de HP.

Marche jusqu’au site de Montebello. JC y a découvert dans une doline un trou obturé par une roue et une jante de voiture. Désobstruction au pied de biche. Départ de galerie qui s’amenuise en un petit goulet de 30 cm de diamètre au bout d’un mètre mais ça ne souffle pas. Prospection des alentours calcaires. Visite du « Dolmen » voisin.

2/ On rejoint le village médiéval de Paese Vecchio ou Cotone (Cutone) ou Paese Grecu. Le village était constitué d’un mini castel et d’une dizaine de maisons en pierres sèches à 1 étage, recouvertes de lauzes de Ligurie avec charpentes en bois, actuellement ruinées, entourées d’un rempart. Daniel Istria y a effectué une série de sondages en 1993. Il y avait retrouvé 3 pièces génoises, des poteries amiantées de production locale, des tessons de céramique pisanes ou ligures, des pointes de flèches. Le Castellu aurait été construit avec ceux de Ville de Pietrabugno et de Montebellu par le seigneur d’Asco Ortofossano, Seigneur balanéen, opposé au Seigneur de Furiani et abandonné vers le milieu du 14ème siècle, peut être détruit sur ordonnance de Gènes.

Istria avait recommandé des fouilles plus approfondies qui n’ont jamais été réalisées.

Après visite on descend à la route par un sentier marqué en bleu et blanc au milieu du maquis sur 250 mètres. Et là Alberte-Marie-Pierre s’aperçoit qu’elle a oublié ses clefs de sa voiture dans le 4×4 du haut ! Heureusement une jeune dame s’arrête et remonte HP au départ ; celui-ci redescend chercher les 3 autres.

3/ Piquenique à Teghime. Les goumiers du 2ème Régiment de Tabors Marocains et les résistants corses y ont livré le 2 octobre 1943 une furieuse bataille contre les Allemands de la 16ème Panzer grenadier Division Reichfürher SS. Bizarrement la fortification de Teghime qui aurait interdit l’approche de Bastia par l’arrière et le contrôle des hauteurs n’a jamais été réalisée ni par les Génois ni par les Français. Un poste optique permettant d’établir des liaisons optiques entre le Pigno et Nice a été construit en 1872. Le petit bâtiment voisin du mémorial est une station de liaison radio en ondes métriques avec le continent bâti dans les années trente. Le bâtiment tagué de graffiti anti français juste avant le col est un casernement associé au poste radio-électrique appartenant à la ligne Maginot. Les Italiens, plus malins y ont construit 5 ouvrages de défense, le premier se situant au niveau du carrefour route de St Florent/route d’Oletta.

On prend un chemin bien entretenu qui part vers le Nord un peu avant le col. Un bunker individuel est rejoint en aval de ce chemin par une petite sente. Il est constitué d’une terrasse permettant un balayage semi-circulaire à la mitrailleuse avec à l’arrière une salle bétonnée. Plus haut on découvre un autre bunker individuel puis sur un plateau une réserve de munitions. Retour au point de départ en rejoignant la route du Pino puis la piste de l’aller.

4/ Descente vers Bastia. On s’arrête à la carrière de Barbaggio. Les environs de Teghime constituent un spot internationalement connu à Orchidées. On découvre quelques Ophrys Incubacea et Morisii. Cette année les orchidées sont en retard et peu nombreuses pour l’instant. Sécheresse ?
ACMO Corsica

5/ Arrêt suivant : les Mines d’eau de Fort Lacroix : 2 galeries au bord d’un ruisseau, un peu plus bas que la maison en T. Le lieu est appelé Fort Lacroix sur la carte IGN sûrement par erreur. L’une, ennoyée, n’est pas accessible sans équipement. L’autre est mesurée au laser-mètre : 43 mètres. Deux petits rhinos y dorment paisiblement.

6/ les galeries du Fort Lacroix : celui-ci faisait partie des 4 fortins construits par les Génois entre 1747 et 1761 avec les Forts Monserato , San Gaetano, Straforello (dit aussi Recipello ou Luiggi) pour défendre Bastia. Le fort Lacroix génois disparaitra en 1888 lors de la construction de 2 batteries chargées de protéger le port et le Sud de la ville. Elles ont été désarmées en 1918 et seuls deux canons de 95 mm y restent pour défendre la rade de Bastia en 1939. Les bâtiments ont été abandonnées dans les années 80. Deux galeries de stockage de munitions persistent.

On commence par la galerie inférieure en bordure de la montée Filippina. L’entrée est encombrée de détritus de toutes sortes, rançon de l’urbex ; après une chicane, la galerie se prolonge sur une quarantaine de mètres avec des salles latérales. Six petits rhinos comptabilisés.
On retrouve par un chemin qui mène à la résidence des Torettes, le parapet bétonné voisin de l’entrée du puits monte-charges.

L’accès à la batterie supérieure est clôturé. Un chantier de création de parc urbain est en cours. On escalade un petit muret et nous voilà en place. La galerie supérieure d’accès aux magasins de poudre est plus grande, 87 mètres de longueur. Elle se termine par un puits avec des barreaux obturé à son sommet. Un seul petit rhino.
Le bâtiment du plateau supérieur a été détruit et remplacé par une terrasse bétonnée. Les 2 paraboles ont été déposées ; seul persiste un grand échafaudage qui a permis de les démonter. Quelques arbres nouvellement plantés agonisent.

7/ On file par la route de Cardo inférieure à la grotte de Gradiccia

Située sous la villa Gradiccia, elle est l’objet d’un projet d’exercice secours. Problème : parquer les voitures ; Marie Pierre et Jean-Claude cherchent à se garer sur le chemin privé qui passe derrière la villa et donne accès à un lotissement. Leur passage provoque l’ire d’un résidant qui nous apostrophe grossièrement. Même le sésame habituel « on est les Topi Pinnuti, on vient compter les chauves-souris » n’agit pas. Après discussion avec JC, il nous abandonne pour aller frapper bobonne. La villa est abandonnée, l’accès à la caverne et l’entrée sont jonchés de détritus. La grotte cependant semble avoir été nettoyée. Des jeunes y font des fêtes. L’entrée en trou de serrure, les spéléothèmes, le plafond lissé par l’écoulement des eaux, le volume de la grotte laisse songeur. Quelle rivière passait là ? Peut-être une grande galerie démarre-t-elle en amont. On peut toujours rêver. Un seul petit rhino.

18h. Fin d’une journée marathon. 8,5km de marche, 13000 pas. Temps passé sous terre : 1heure ?

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Samedi 25 Février 2023 – Mine de Capanole, Biguglia – Mine de Frangone, Olmeta di Tuda

Samedi 25 Février 2023
Spéléo, repérage, visite
Mine de Capanole, Biguglia
Mine de Frangone, Olmeta di Tuda

Participants
ITP : Henri Pierre F.
La toutounette : Nala

TPST : 10 min

Retour à Capanole sous une pluie fine pour réexaminer une plante que Wanda avait repérée sur le sentier entre la galerie 1 et le puits 1 : à priori une Scille Maritime (Charybdis maritima), peu fréquente et qui fleurit en Juillet. Elle ressemble un peu à une asphodèle avec un gros bulbe et des feuilles plus larges et plus luisantes. Si quelqu’un y va et qu’elle est en fleur, merci de prendre une photo et de me l’envoyer.
J’en profite pour prendre les coordonnées GPS des 2 galeries que nous n’avions pas retrouvées le 11 Février. L’une, d’une vingtaine de mètres est située juste au-dessus du puits N°1. Quelques gros blocs éboulés jonchent le sol ; un grand rhino géant y dort tranquillement. J’y accède en partant de la crête à travers le maquis piquant. La seconde est à une quinzaine de mètres au-dessus et à l’est du puits N°2. On l’atteint facilement en partant de la crête ou du thalweg par une sente bien marquée.

2ème étape : la mine de Cuivre de Frangone.
Le gisement de chalcopyrite, « l’or des fous », encaissée dans les prasinites, aurait été découvert lors de la construction de la route du défilé dans les années 1870. De couleur normalement jaune laiton chaud, plus jaune que la pyrite, la chalcopyrite (CuFeS2) s’irise souvent en teintes rouges, bleues, mauves ou vertes. Exploitée de 1878 à 1907, la mine a fourni 1200 T de Cuivre à l’usine de Cardo puis quelques centaines de tonnes à celle de Francardo.
L’entrée de la tranchée est cachée par une caravane et une remorque. La mine a compté 600 mètres de galeries avec une galerie de roulage de 80 m et des galeries transversales recoupées. Il y avait un travers banc de 80 mètres en contrebas de la route que nous n’avions pas retrouvé lors de la dernière visite. Elle est obturée à 5 mètres du départ de la galerie de roulage : éboulement ou mise en sécurité ?

La galerie protégée par un APB se situe 225 mètres plus loin en bord de route. Elle ne figure pas dans le plan de la concession datant de 1878. Y séjournent l’hiver Des Murins de Capaccini, des Minioptères de Schreiber et des euryales. Un petit muret empêche l’écoulement des eaux. Elle est ennoyée sur une vingtaine de centimètres de profondeur. Sa longueur est incertaine de 65 à 100 mètres selon les sources. A mesurer donc.
Juste au-dessus on trouve 2 galeries de 10 et 6 mètres environ. Un rapport du BRGM parle d’une galerie supérieure d’une centaine de mètres ; mythe ou réalité ?, à contrôler par prospection dans le coin.

Sur le plan de la concession de 1878, 800 m avant la mine, dans le triangle que forment la route et 2 ruisseaux dont le ruisseau de Fangone une galerie est marquée qu’il faudrait également essayer de retrouver.

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Dimanche 15 janvier 2023 – Grotte d’Olmeta di Tuda, Grotte du Calvaire – Oletta

Dimanche 15 janvier 2023
Spéléologie, prospection
Grotte d’Olmeta di Tuda – Grotte du Calvaire, Oletta

Participants
ITP : Michèle C., Wanda C., Michaël D., Henri Pierre F., Jean-Claude L.M., Marie Pierre R.

TPST : 1h00
Photos

Lors de la visite de la Grotte du Calvaire le 22 Janvier 2022, un promeneur avait indiqué la présence d’une autre grotte au voisinage mais non située. Jean-Yves se souvenait y être allé avec Gilles F, un compère GCCéen, de nombreuses années auparavant mais pas de son emplacement. Micca avait téléphoné à Gilles qui lui avait indiqué les coordonnées dans une falaise à l’OSO du Monte di Tuda.

La grotte était citée dans 3 articles d’Histoire Naturelle *1. Elle aurait été découverte en 1988. Son comblement sédimentaire épais de 2 mètres avait été étudié de 1988 à1992 et on avait pu retracer les activités agro-pastorales du Nebbio sur 2500 ans ainsi que l’évolution des micrommamiféres rongeurs (mulot, musaraigne, rat noir) et chiroptères grâce aux milliers d’ossements contenues dans des pelotes de réjections et des déjections de chouette-effraie (tyto Alba) et à des analyses polliniques et sédimentaires. Aucun témoin d’occupation humaine n’avait été retrouvé.

La localisation vague « falaise en bordure du vallon de Vitti » et une topographie rudimentaire de la grotte se trouvait dans ces articles. La salle du fond avait été désobstruée par un spéléologue spécialiste de ce type d’opération.

La prospection des alentours n’avait pas retrouvé d’autres cavités karstiques.

Gilles F. avait participé aux fouilles et avait établit la liste des oiseaux nicheurs dans le Vallon de Vitti.

Lors de l’étude, le pied de la falaise était accessible par une piste carrossable en 4×4 mais l’accès, à partir de la route du lac de Padule, en est maintenant fermé. On part donc du lieu-dit Pietralbuccio pour couper à travers le maquis sur 300 mètres et rejoindre la piste.

Après avoir erré un peu dans le maquis et suivi un sentier incertain, on aboutit à une porte en bois dans une clôture qui donne sur la piste, que l’on remonte sur 500 mètres. La grotte est bien visible du chemin. Elle s’inscrit en ocre dans la falaise calcaire à son extrémité ouest. On rejoint le pied de falaise en suivant des marques rouges, surement apposées par des grimpeurs ; une voie d’escalade sera retrouvée sur la paroi voisine de la grotte avec des plaquettes.

Une partie du toit du porche de la grotte s’est éboulée en contrebas et les fractures importantes de certaines parties de la falaise laissent augurer d’éboulements à venir.

Au niveau du porche se trouvent un poteau en bois témoin d’une fermeture de l’entrée, 1 poteau métallique scellé dans un rocher, un autre coincé entre 2 blocs peut être par effondrement récent de la voute, des planches en bois vermoulues, une palette. Tout cela n’est pas très écolo. Manifestement le site n’a pas été réhabilité après les recherches. Une petite escalade de 2 mètres ; on retrouve la zone de fouille. Le sol est jonché de pelotes de réjections et de déjections fraiches. Puis on pénètre dans une deuxième petite salle avec des conduites débouchant du plafond. Probablement un déversoir du massif calcaire. Un petit rhino y dort à côté d’une toile d’araignée sans se douter probablement qu’il est lui-même dans l’antre d’une chouette. Pas d’insecte visible.

Au-dessus de la grotte se trouve une fracture qui n’aboutit à rien mais d’où s’échappe une chouette blanche dérangée par Jean-Claude.  A quelques mètres vers l’est un autre abri sous roche contient un foyer récemment utilisé. JC et Micca font la topo de la grotte. On hésite à chercher un passage pour rejoindre le sommet de la falaise et redescendre par le chemin partant de Pietralbuccio vers la croix du Monte di Tuda dont on avait vu un panneau indicateur à l’endroit où l’on avait garé les 4×4. On décide finalement de reprendre le même chemin qu’à l’aller. On reviendra ultérieurement pour une prospection plus complète. Le retour se fait en 30 minutes avec la trace du GPS. Dans le maquis il suffit de suivre un tuyau d’alimentation en eau qui aboutit dans le jardin d’une maison en construction.

Direction le lac de Padule au bord duquel on fait griller quelques chipolatas et l’on tire les rois.

Deuxième objectif de la journée : la grotte du Calvaire. Visitée récemment, Micca et JC voudrait en désober le fond, obstrué par 2 gros blocs, derrière lesquels on aperçoit quelques mètres de galerie. Micca a fabriqué à cet effet un désobeur à main comportant 2 griffes genre arme moyenâgeuse. Un bloc est enlevé mais le second résiste. Pendant ce temps, Wanda et HP repèrent quelques rares insectes cavernicoles (méta bourneti, cloportes, dolichopodes) et 2 petits rhinos. La cavité est bien sèche pour un mois de Janvier.

Il est 16 heures, les jours s’allongent ; on en profite pour descendre au couvent Saint François d’Oletta. Daté du 13e siècle, il a été le siège d’une imprimerie nationale, la stampiera della verita, créée par Pascal Paoli et de la « conspiration d’Oletta » contre les troupes françaises en 1769, déjouée sur dénonciations et dont une plaque apposée sur l’église rappelle le martyr des 5 hommes pendus à cette occasion. Le couvent est maintenant la propriété d’une artiste peintre/actrice Candida Romero qui a créé un parfum « l’eau de Couvent » (cf site Instagram) et y organise des manifestations culturelles. Un marché fermier se tient 2 fois par semaine l’été sur le parking devant le couvent. On longe la discothèque de la Conca d’Oro et on atteint l’aqueduc qui alimente le couvent et la fontaine de Mersolaccia (Merlu ?).

Reste donc à prospecter le Monte di Tuda, les environs de la falaise, la carrière dans laquelle un départ est connu et non exploré. 

PHP

*1 :
https://journals.openedition.org/adlfi/23022
https://journals.openedition.org/adlfi/18893
https://hal.science/hal-03036092/document

Dimanche 27 novembre 2022 Grottes marines de la Chapelle, Grotta Murata, Brando

Spéléo, prospection

Grottes marines de la Chapelle, Grotta Murata, Brando

Participants

  • ITP : Henri-Pierre F.

Photos

Le premier coup de Vent de Nord Est de l’automne qui a soufflé ce Week End est presque tombé. Une après-midi à tuer. Handicapé par une élongation qui restreint mon périmètre de marche mais alléché par le CR d’Alain T. du 12 Novembre je décide d’aller visiter avec Nala les « grottes oubliées ou heu ? aux pigeons ? de la chèvre ? des pirates ? » à la sortie Nord de Sisco. Arrêt au parking de la rixe du Burkini ; 10 mètres au Nord une petite sente descend vers la mer. Le débroussaillage récent a laissé quelques salsepareilles dans lesquelles se bloquent la pauvre Nala que je prends dans les bras. Je retrouve le chemin taillé dans le maquis par Alain sur 4 mètres. Houlà là ! Il aboutit à une pente abrupte et glissante qui plonge vers l’anse des grottes. Une corde est nécessaire pour descendre sans danger. Je rebrousse chemin pour rejoindre l’anse suivante facilement accessible mais aucun passage n’accède à l’anse des grottes comme l’indique la topo. En remontant pour chercher une corde, ouille, reclac dans le mollet. Bon ben, çà sera pour une autre fois. Retour sur Bastia. Je m’arrête à l’entrée Sud de Sisco pour chercher l’accès de la grotte Steph. Pas de chemin, là aussi il faut une corde en espérant que les coordonnées GPS soient les bonnes !

Nouvel arrêt à la sortie Nord d’Erbalunga au stationnement du car. Quelques tombes et 3 beaux mausolées. Je prends le chemin plat d’une centaine de mètres qui rejoint la mer, destination : Les grottes marines de la chapelle, au lieu-dit San Bastiano, ex Grotta Murata 1 et 2. On longe les rochers sur 100 mètres : 1ère grotte marine. Pas question de rentrer dans l’eau pour rejoindre le fond. 70 mètres plus au Nord je retrouve la deuxième qui reste à topographier.

Si l’on prend au niveau du cimetière la Stradella di Castelluciu (anciennement chemin de Grotta Murata) on peut voir de nombreux tafone. Au lieu-dit Grotta Murata, au point de coordonnées 1230308X 6208884Y, on rejoint une gros tafone muré qui sert de poulailler ; peut être à l’origine du nom ? Un pompier rencontré antérieurement, chasseur et habitant là m’avait affirmé qu’il n’y avait pas d’autre grotte dans le coin.
Le haut de la zone de Grotta Murata accessible par un sentier partant du monastère des bénédictines de Cintolino ou de San Bastiano pourrait être prospecté également.

HP

Dimanche 16 octobre 2022 – Grotte de Santa Catalina, Sisco

Stage photo

Grotte de Santa Catalina, Sisco

Participants

  • ITP : Wanda C., Albert D., Amal D., Jean-Noël D., Henri-Pierre F., Éric G., Marie Pierre R.
  • Formateurs : Philippe C., Annie G.

TPST : 6h00

Photos

Pour cette 2ème sortie du stage photo était prévue initialement la grotte de Butrone, mais le chemin d’accès n’ayant pas été débroussaillé depuis longtemps, le choix s’est porté sur Santa Catalina.

On avait peaufiné l’organisation :

1/ Coté nourriture sous l’égide d’Anto, Odette et Amal avaient préparé des repas somptueux.

2/ La photo nécessite des modèles. Le régime spéléo qui consiste à s’enquiller sortie après sortie force cochonnailles, saucissonnades, grillades, fromages à pâtes molles, dures, pressées ou fraiches, gâteaux et barres de chocolat arrosés d’alcool de tout degré et de toute couleur ne favorise pas le maintien d’une taille XXS au fil du temps. De plus, vue la moyenne d’âge des spéléo, Philippe sait bien qu’il ne va pas toujours trouver dans les clubs les modèles idéales. Aussi voyage-t-il avec son propre modèle, Annie. Toute fine et toute mince, le modèle spéléo idéal. Ça tombe bien c’est sa compagne. En plus elle est prof d’anglais, ce qui aide bien dans les expéditions internationales quand tu n’as plus Google traduction parce que ton portable ne passe plus.

Philippe ne pouvait pas savoir qu’en Corse la sélection darwinienne fait qu’en raison de l’exiguïté des cavités, les tailles au-delà du M ont abandonné la spéléo depuis longtemps ou sont restées au fond dans une étroiture. Aussi avons-nous amené également nos modèles idéales : Wanda, Amal et Marie Pierre qu’il fallait également former pour l’après stage.

3/ Coté sécurité on était bien organisé : la protection divine d’abord, essentielle dans ce genre d’expédition.

Santa Catherine, patronne des marins, des philosophes, des jeunes filles et des guérisseurs ne nous sera pas d’une grande utilité sauf à la rigueur pour Wanda, HP et Jean-Noël qui sont médecins mais pas vraiment guérisseurs. Les jeunes filles, on en voit bien passer lors des initiations mais elles ne s’inscrivent jamais au club. Santa Catalina, des photographes et des spéléologues elle n’en a rien à carrer, il ne fallait pas compter sur elle.

La patronne des photographes c’est Sainte Véronique, Santa Veronica en Corse (nom d’origine hybride, mi-latine, mi-grecque : vera icona = véritable image). Elle aurait accompagné Jésus lors de son chemin de croix et essuyé son visage couvert de sueur et de sang avec un linge recueillant ainsi l’image de la « Sainte Face ». Malheureusement, on n’a pas en Corse de grotte nommée Santa Veronica. On avait bien une Véronique au club, qui aurait aussi pu servir de modèle, mais elle est partie du côté des Corbières gouter d’autres cépages que le niellucciu ou le syrah.

Les historiens de la photographie font souvent référence à des mythes antiques. Narcisse qui succombe au reflet de sa propre image. Actéon, chasseur et voyeur qui se cache dans les roseaux pour épier Diane prenant son bain. Persée qui brandit sa gorgone pétrifiante devant l’adversaire. Là on a : Albert qui perd ses clefs et son téléphone partout où il passe et pétrifie tout interlocuteur qui lui parle de Paul Giacobbi et de Josiane Lips. Albert/Persée (clefs) sera donc notre Saint Patron.

La moitié de L’ASV est là : Wanda, Amal, Jean-Noël et HP. En cas d’accident, ça devrait aller pour les premiers secours.

J’avais quand même un doute sur le choix de la grotte. Jusque-là on n’y avait amené surtout des scientifiques : Élisabeth et Mado, animatrices de la Commission Régionale du Patrimoine Géologique de Corse ; Josiane et Bernard Lips pour le stage entomo ; Marco Isaia professeur à l’université de Turin, spécialiste des araignées Troglohyphantes. Ça avait l’air de leur avoir plu.

Mais Philippe et Annie qui ont photographié certaines des plus belles cavités du monde sur tous les continents, des mines de sel en Iran, des tunnels de lave à la Réunion ou à Hawaï, sont avant tout des artistes. Quel intérêt pour eux Santa Catalina ?

Certes la photographie fait appel à de nombreuses notions d’optique : les ISO, l’ouverture, les histogrammes, les diaphragmes, la température des couleurs… Mais enfin ce qui motivent les artistes c’est la recherche de la beauté. Le plissement des cipolins, les cloportes bleus, les myriapodes, les chauves-souris échangistes, la caverne sombre et boueuse jonchée de guano et de fientes de pigeon ne m’avaient jamais paru particulièrement beaux.

Ce en quoi je me trompais. Les flashs allaient révéler un monde nouveau de toute beauté.

Rendez-vous à donc à 9 heures au pied de la statue. Petit rappel historique (cf. en annexe) puis l’on descend vers le porche d’entrée.

Premier sujet de photographie l’entrée de la grotte. Premier problème : le contraste entre la noirceur de l’entrée et la clarté des parois. Le soleil faisant son apparition le contraste devient impossible à surmonter. Il faudrait revenir en fin d’après-midi.

On pénètre dans la grotte et l’on se pose un deuxième objectif : photographier la sortie. Problème inverse. La mer est mal définie. On peut utiliser le mode braketing qui permet de faire plusieurs photos avec des réglages différents et combiner les images pour que toutes les zones soient correctement exposées. Si ça n’est pas suffisant on peut faire des collages sous Photoshop des différentes parties du cliché.

3ème sujet : Photo artistique : Annie perchée sur un ressaut. Choisir éclairage principal. Jouer avec les ISO, l’ouverture : choisir le couple idéal. Cadrage. Positionnement des éclairages, contrejour, flashs latéraux, homme lampadaire. Éclairage des zones d’intérêt. Utilisation du snoot. Choisir la vitesse. Analyse de l’histogramme. La grotte illuminée par les flashs prend des allures mystérieuses. Le « tape cul » qui crée un halo de lumière nous fait croire un moment à la résurrection de la Sainte.

4ème sujet : une « mâchoire de requin » au-dessus d’un auvent. Il faut éclairer les plis de la mâchoire sans sur ou sous-exposer, régler la puissance des flashs par tâtonnement. Pas évident.

5ème sujet : de nouveau Annie 

Mais le temps passe. Après la traditionnelle photo de sortie de grotte vers 16h, nous filons chez Jeannot nous désaltérer et rentrons au club nous sustenter avec les restes du repas pantagruélique préparé la veille par Amal. Puis débriefing. Philippe commente avec bienveillance nos photos. Certaines sont magnifiques. Chaque appareil nécessite des réglages qui lui sont propres.

Le repas du soir, préparé par Odette nous attend : soupe corse, migliaccioli et frappes. Alexia et sa Maman, Noël et Anto nous ont rejoints.

Fin d’une journée extrêmement sympathique et instructive et repos avant le lendemain : direction la grotte de Brando.

N.B. : Petit rappel historico-religieux :

Vierge et martyre, Ste Catherine fut rouée et décapitée par l’Empereur Maximin qu’elle refusa d’épouser pour demeurer chaste et se consacrer à Dieu (d’où la statue en amont de la route).

Une mystérieuse légende s’attache au manoir : en 1255 ou 1325, selon les sources, un navire transportant un reliquaire attaché à la basilique Sainte Catherine d’Alexandrie, d’Égypte en Avignon où s’est installée la Papauté, est pris dans une violente tempête au large de Sisco. Face au péril, les passagers implorent Dieu, lui promettant de déposer le reliquaire dans le premier lieu chrétien rencontré en échange de leurs vies sauves et sont exaucés. Ils peuvent aborder dans une crique devant la grotte. Mais une fois leur navire réparé, ils repartent vers Avignon. Une nouvelle tempête se lève au cours de laquelle le navire sombre. Le reliquaire peut toutefois être sauvé et est déposé dans une petite chapelle datant du 12è siècle, édifiée elle-même sur un sanctuaire du 2ème ou 3ème siècle et sise sur un promontoire au-dessus de la grotte. Dans le second quart du 15ème siècle, des religieux viennent s’installer à côté de la chapelle devenue lieu de pèlerinage, puis construisent un hôpital pour héberger les infirmes qui affluaient chaque jour espérant un miracle comme il s’en produisait journellement selon la tradition.

Les pèlerins descendaient en procession dans une crypte de la chapelle par un escalier aménagé près du chœur ; ils empruntaient un étroit couloir, passaient devant un petit autel et remontaient par l’autre côté. Ce dispositif, réalisé au 15ème siècle, était peut-être une copie du Saint Sépulcre de Jérusalem.

Une source miraculeuse à côté de laquelle pousse des papyrus était réputée guérir les ophtalmies, tout comme sa source jumelle qui coule près d’Alexandrie, sur le lieu où fut édifiée la Basilique de Sainte Catherine d’Alexandrie, dont l’édifice recouvrait un ancien temple dédié à la déesse Isis.

Au 16ème siècle les reliques furent mises à l’abri des rapines barbaresques à l’église Saint Martin de Sisco devenue plus sûre et dominante. Elles sont visibles dans une armoire de la sacristie. Transportées dans des petits coffrets en ivoire « elles comprennent un morceau de la baguette que portait Moïse pendant sa traversée du désert, un peu de manne tombée dans le désert, un peu du limon ayant servi à façonner Adam ; les bourses de la Sainte Vierge, de Sainte Marie-Madeleine, de Sainte Catherine ; quelques brins de fil filé par la Vierge, quelques gouttes de son lait, un fragment du bois de la Sainte Croix, un poil du manteau de Jean Baptiste… ». Les reliques ont été authentifiées par l’évêque de Mariana au 18è siècle !

Enfin un souterrain relierait le manoir à la mer. L’existence de ce passage serait une quasi-certitude mais on a perdu la trace de son entrée et de sa sortie. La légende veut qu’il débouche dans le tombolo de Sainte Catherine. Pourtant les nombreuses visites des topis dans la grotte n’ont jamais pu le retrouver.

La crique est encombrée d’énormes blocs rocheux rendant tout accostage par la mer impossible. Ils ont dévalé là lors de la construction de la route impériale vers 1840 ou plus tard lors de son élargissement, on voit les traces de barre à mine. Le chemin de Sisco à Bastia passait auparavant par le manoir.

Il n’y a pas de preuves de l’existence de Sainte Catherine. Peut-être a-t-elle été créée au Moyen Âge par récupération du personnage d’Hypatie, en inversant le rôle des chrétiens et des païens.

Hypatie, mathématicienne et philosophe enseignait la philosophie et l’astronomie et dirigeait l’école néoplatonicienne d’Alexandrie. Non chrétienne, mais tolérante vis-à-vis des premiers chrétiens, elle est assassinée en 415 par des moines chrétiens qui l’accuse d’entretenir des dissensions entre l’évêque d’Alexandrie et le préfet d’Égypte. Symbole féministe de sagesse, d’intelligence et de tolérance son histoire est d’une brulante actualité. Les salles supérieures de Santa Catalina portent son nom.

Curieusement, cette grotte, qui porte le nom d’une sainte, suppliciée et décapitée pour préserver une virginité consacrée à Jésus, est le siège d’ébats souterrains humains et chiroptères multiples. Elle est un site de regroupement automnal de minioptères de Schreiber qui s’accouplent par centaines la nuit dans la deuxième partie de la grotte. Ébats aussi humains comme en témoignent certaines dénominations : La salle des ébats dite aussi Albertlieberspielzimmer, le boyau de la P.. PHP