Samedi 11 novembre 2023
Spéléo, visite
Trou des Vents d’Anges, Cabrespine (11)
Participants
ITP/Spéléo Corbières Minervois : Jean-Noël D.
CoMed : Les Dinosaures (Jean-Pierre, France, Guy, Thierry, Jean-Noël, Jean-Michel, Dominique)
et les Pêchus : (Jean-Marie, Patrick, Julie, Claire, Brigitte)
GPS : Christophe H.
TPST : quatre heures
Comme tous les ans la Commission médicale de la FFS réunit son Conseil technique (médicaux et paramédicaux et autres intéressés par ses travaux). Cette année retour à Carcassonne, lieu de réunion de 2018. Dominique B., régional de l’étape (secondé par Jean-Marie B. et maintenant JND) a repris la logistique de 2018, une ancienne abbaye – Notre Dame de l’Abbaye – reconvertie en lieu de séminaires, juste sous les remparts de la Cité. Statues de Vierge et saints dans les couloirs et la réunion se tiendra Salle Saint Pierre, au premier étage ; ce n’est pas le Septième ciel mais tout est parfait pour qu’une quinzaine de personnes puissent travailler confortablement. Certes les chambres sont un peu spartiates et les salles de bain rappellent – en plus petit – la Corsica Ferries…
On a bien bossé du vendredi du midi au soir puis le dimanche matin, la journée du samedi étant consacrée à la sortie spéléo commune. L’évènement de cette année fut l’abrogation de l’obligation du certificat médical annuel. Loi de 2022 qui a laissé les fédérations fixer elles-mêmes via leur Commission médicale (quand elle existe, la FFCAm n’en a pas…) les conditions de prise de licence. La CoMed avait anticipé et proposé au CA une périodicité de 5 ans. Malgré ses infarctus sur le court, la Fédération de Tennis n’exige plus de certificat pour la licence…
Plusieurs thèmes ont été abordés :
Étude sur la leptospirose.
Article sur le stress.
Conduite à tenir face à une crise d’angoisse sous terre (ça arrive pour les initiés et parfois certains anciens) avec un exposé d’une psychologue.
Gestion de pathologies chroniques par les spéléos (diabète, pathologies cardiovasculaires, troubles articulaires…)
Création du portail Retex (retour d’expérience) comme il en existe en milieu professionnel ou dans certaines disciplines sportives (montagne…) ou nous pourrons déclarer anonymement les incidents qui auraient pu dégénérer en accident. Pour analyser des facteurs revenant les plus fréquemment et orienter la prévention. Avec la participation du SSF et des écoles (ESF, EFC et EFPS).
…
Hé oui, la Comed travaille !
Entre toutes ces cogitations, voilà la sortie spéléo : on en avait parlé l’an dernier, et depuis quelques semaines le sujet devenait une actualité brûlante. Nos deux guides locaux avaient prévu le Trou des Vents d’Anges, un moins 300 ! Mais avec deux objectifs 120 et 240 m. Certains s’étaient plongés dans le net et se posait la question de savoir si la cavité était à notre niveau à tous ? L’an passé, Trabuc et son Trou du Vent avait obligé certain(e)s à se surpasser mais c’était de l’horizontale – ça remontait même.
C’était une bonne question, qui a entrainé pas mal d’échanges avec nos deux guides, Dominique et Jean-Marie, car, si la CoMed compte quelques bouffeurs de cordes, perfos et autres gamates, nous avons aussi notre stock de Tamalous… Gentils et courageux, mais Tamalous quand même… !
« La marche d’approche c’est long ? On va se mouiller dans le trou ? C’est étroit ? Y a des puits ? Et y sont grands ? Et ça va durer longtemps ? Et on peut faire autre chose plus simple ? Et si y pleut ? »
Nos deux guides ont essayé de répondre avec grande empathie à toutes ces questions, mais au bout d’un moment, fatigués, pour couper court à toute réclamation, nous annoncent « C’est de la marche… ! ! ».
Ah çà, ils nous auront bien eu avec « C’est de la marche » ! Ou alors ils ont une drôle de conception de la marche, disons très pré-évolutionniste… !
Alors, jetant par-dessus bord les angoisses et les insomnies, nous voilà partis pour cette cavité au nom si charmant. D’ailleurs nous traversons une campagne vallonnée, sous un ciel gris, parsemée de vignes aux magnifiques couleurs automnales qui éclaboussent et illuminent le paysage comme un tableau impressionniste. Oui, bon, j’m’enflamme, d’accord, j’me calme. [C’est du Jean-Pierre, romantique dans l’âme].
Allez trêve de rêveries, parking, combinaison, baudrier, lampe, bottes et c’est parti.
On traverse le talweg au milieu des arbustes qui piquent et griffent, puis montée en face dans la forêt sentant bon les champignons, pour atteindre au bout d’une vingtaine de minutes, l’entrée de la cavité. Un panneau indicatif nous explique le trou, la porte est ouverte, va falloir s’y coller. Il est 10 heures trente.
À peine le temps de quelques secondes et l’équipe des Pêchus a déjà disparu dans le noir sans qu’on s’en aperçoive… Bigre, un maléfice les aurait-il enlevés ? Bon, comme on ne croit pas aux maléfices, on va y aller aussi, courage les Dinosaures (les Tamalous)… Eh oui, les Pêchus sont déjà dedans, les Dinosaures sont encore dehors.
Nous voilà rentrés dans les premiers boyaux, c’est pas bien large effectivement, c’est tortueux, faut se remuer, se contorsionner dans une trémie chaotique descendante, mais ouf !, pas d’étroitures. Un P5 un peu tordu et ça continue sur le même schéma jusqu’à une grande salle ébouleuse, la Salle du CPE (rappelez-vous De Villepin). C’est vraiment du grand ! De gigantesques blocs sont tombés du plafond, des massifs de stalactites sont inclinés à 45°, ça a du barder sérieusement dans le secteur. Un très grand plan de faille explique cela, une zone de broyage titanesque. Le sol schisteux part en morceaux après la salle, et c’est reparti dans le sportif. On rencontre les premières concrétions. Quelques remontées équipées en vire, nouvelle trémie, conduits plus étroits et une salle avec un replat sableux. Les parois sont ornées de nombreuses excentriques, les flashs crépitent. Dominique nous informe que c’est le lieu du bivouac, on est à moins 113 m, on laisse nos kits.
Quelques courageux poursuivent la galerie descendante qui se rétrécit en boyau bas de plafond, jusqu’à un joli petit canyon à l’aspect familier de classique, où se présente le premier petit puits, juste avant l’actif. Un beau mickey et on voit l’eau couler au fond. On est à moins 120 m. C’est très tentant de mettre le descendeur et en avant ! Mais la majorité de notre équipe de Dinosaures nous attend là-haut avec les casse-croûtes, on se résout à remonter pour prendre notre collation devant un plafond d’excentriques avant d’entamer la remontée.
On est des Tamalous, donc remontée tranquillou qui paraitra bien plus courte que la descente. La sortie du P5 n’est pas évidente, un peu en dévers.
Retour à l’air libre, il est 14 heures trente, heureux de retrouver un temps sec et ensoleillé. Tellement contents d’avoir fait cette sortie, que certains, sans doute masochistes, vont visiter le Mikado, petite cavité voisine sur le chemin du retour. Nouveau couloir descendant étroit, puis salles sèches concrétionnées. C’était histoire d’avoir un petit bonus…
Et voilà pour les Dinosaures. Pendant ce temps là, Bilbo et Gollum…, euh non on se trompe de groupe…, les Pêchus ont été beaucoup plus loin, quasiment au fond à -250. Mais laissons-leur la parole…
Pêchus c’est relatif, disons plus confiants dans nos possibilités. Ceci dit le trou est très facile, un peu de marche souterraine sans obstacle majeur dans la première partie, puis un actif plus vertical, très sec pour la saison. Le seul vrai puits de la cavité (P15) ne présente pas de problème et le passage étroit des « Bains douche » se passe sans se mouiller. La douche habituellement difficile à éviter n’est plus qu’un goutte-à-goutte dérisoire. Nous laissons les baudriers au bas de la dernière corde. Collation rapide et nous partons vers le réseau concrétionné pour le plus grand plaisir des photographes. Arrivés à la Salle du Sable nous avons assez d’énergie pour continuer jusqu’à la Salle des Tuniques Bleues : immense effondrement de blocs de nature géologique différente du reste de la cavité.
Retour sans incident. Claire et Brigitte qui sont reparties avant le reste du groupe ont, elles, visité le haut de la Salle du CPE. Bien involontairement ; elles ont raté un fluo-light indiquant un virage à droite et sont parties tout droit jusqu’en haut de la trémie ! Nous les retrouvons dans le bois en dessous de l’entrée de la cavité. Elles nous attendent de peur de se perdre dans la garrigue.
En attendant les Pêchus, les Dinosaures patienteront aux véhicules en papotant, le froid commence à tomber et pour se réchauffer, Dominique emmène voir l’équipe à la cascade qui abonde l’actif à l’amont mais tout est sec. Ensuite ne voyant rien venir, on file à Castanviels, à deux bornes par la piste, chez un copain spéléo du Spéléo Corbières Minervois, agriculteur et apiculteur, d’où l’on repartira avec provision de miel de montagne, bio et made in France !
Retour aux véhicules, les Pêchus sont sortis entre temps et ont repris la route du retour, on se retrouvera à Villeneuve-Minervois en bas de la piste. Premiers échanges de photos qui font saliver les Dinosaures. Après le canyon c’est vraiment du très, très beau et pas trop difficile. Grandes coulées blanches, excentriques superbes, baguettes de gours…
On réserve pour une prochaine sortie.
JP B., JM B., JND