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Mardi 2 décembre 2025 — Trou de la Barre / Grotte des Cordonniers — Trassanel (11)

Mardi 2 décembre 2025
Spéléo, désob’, visite
Trou de la Barre / Grotte des Cordonniers, Trassanel (11)

Participants
ITP / SCM / GPS : Jean-Noël D.
Gruissan Prospection Spéléo : Jean-Marie B., André M.
Autonome : Daniel M.
Gente canine : Bosco

TPST : une heure

Tiens si on revenait aux fondamentaux, la désob ! Lors des fouilles archéozoologiques au Trou de la Marmite, Cédric le scientifique avait suggéré que le crâne de lion trouvé au fond de la cavité et daté de plus de 50 000 ans y était arrivé par une autre voie que la simple gravité. Or une cavité située à quelques centaines de mètres en amont du sentier et située plus bas, au même niveau que le fond de la Marmite, pourrait être cette porte d’entrée. Le dénommé Trou de la Barre – situé à flanc de vallon, au pied d’une petite barre rocheuse – se présente comme un porche d’environ 6 m de diamètre, quasiment comblé par de la terre quand notre ami Daniel avait commencé à le creuser.

Gros travail de terrassement pour obtenir une galerie terreuse de 5-6 m se terminant dans une petite salle dont le fond est entièrement obturé par une coulée de calcite. Aucun courant d’air ! Un boyau étroit de 1 m part en partie supérieure mais pas d’air. Les tentatives de microfracturation ayant produit peu de résultat, il a fait appel à Jean-Marie et André pour des moyens plus costauds.

Une heure de route puis une sympathique balade de 20 mn qui emprunte le sentier d’accès à la Marmite puis on oblique en contrebas sur le versant gauche du ruisseau de Matte Arnaude. Bosco est heureux de gambader dans la montagne. Pour ma part j’ai récupéré de mes fracas de samedi dernier.

Les copains sont en plein boulot, malheureusement les moyens costauds ne seront pas plus efficaces malgré la puissance de la détonation qui a dû réveiller tous les habitants de Trassanel ! On creuse quand même au niveau du boyau mais quelques gamates de terre plus tard, JM baisse les bras. Peu d’espoir. Daniel y croit toujours et va rester attaquer le bas de la coulée au marteau-burineur…

Il est midi trente, notre trio casse la croûte puis décide d’aller visiter la Grotte des Cordonniers, qu’ils ne connaissent pas, et qui se situe juste en face de l’autre côté du vallon. Mais pour cela il faut descendre dans le lit à sec du ruisseau de Matte Arnaude puis remonter dans le bartas. Heureusement c’est un bartas assez clairsemé mais la progression n’est pas si simple car le terrain est constitué de dalles un peu glissantes et de pierriers calcaires qui roulent sous les chaussures.

Nous trouvons finalement la grotte, belle entrée de 4×4 m au pied d’une avancée rocheuse et entourée d’un bosquet de chênes-verts. L’entrée ogivale se resserre rapidement mais ça passe, seconde étroiture c’est bon mais un petit rhino est au milieu du plafond, ainsi que de belles Meta. Troisième rétrécissement, pas plus étroit mais avec un becquet sur lequel bute mon « large » thorax. Aucune envie de galérer je rebrousse chemin. D’autant plus que Bosco qui voulait me suivre a dû être attaché et qu’il aboie et gémit… Il y a bien un autre passage pour une autre partie de la grotte mais le repos au soleil avec le chien cela a du bon.

Les copains ressortent de la première galerie, qui a peu d’intérêt, pour aller se balader dans la seconde partie. Plus intéressante avec de belles coulées mais leur progression s’arrêtera assez vite, il faut au moins une ceinture et des longes pour passer une vire exposée et puis c’est un peu labyrinthique. En les attendant j’ai découvert sur le net une vidéo de la visite de la cavité par le SCA, j’en ai vu plus qu’eux ! L’e-spéléo est en marche.
https://www.youtube.com/watch?v=iDZPMCuqffo

Pour le retour on décide de grimper directement sur la crête, ce qui devrait nous amener au col mais ce fut quand même un peu ardu, pentu avec dalles et pierriers.

Retour facile ensuite aux voitures en 10 mn, il est 15 h 30.

JND

Samedi 29 novembre 2025 — Ultimate Kondalé 2025 / L’Affluent Sonore et « Opération Survie » pour JN — Cabrespine (11)

Samedi 29 novembre 2025
Spéléo, visite, première
Ultimate Kondalé 2025 / L’Affluent Sonore et « Opération Survie » pour JN, Cabrespine (11)

Participants
ITP / SCM / GPS : Jean-Noël D.
Gruissan Prospection Spéléo : Jean-Marie B., André M.
Interclub pour la descente au Kondalé, 4 clubs, 7 participants

 TPST : neuf heures

Projet de la sortie : établir une jonction ARVA entre le Kondalé, cavité qui se trouve à l’aplomb de la rivière de Cabrespine qui doit passer quelques dizaines de mètres plus bas. Jean-Marie m’avait emmené visiter le Kondalé le 5 mai 2018, il se terminait à l’époque à la côte -190 m. Depuis les désobstructions avaient été poursuivies mais ils butaient dans un puits borgne, sans courant d’air apparent.

D’après le report topo le réseau du Kondalé est à 55 mètres au sud de la rivière et quelques dizaines de mètres au-dessus. Ci-dessus, le Kondalé est le petit gribouillis au milieu en haut, à gauche de la piste. Plus précisément entre l’éboulis sud des Fistuleuses et l’Affluent des Canots. Plus précisément vers l’Affluent Sonore. Jean-Marie, qui connait plutôt bien la cavité et avait déjà eu l’occasion de tenter des désobs dans cette zone, ne connait pas cet Affluent Sonore.

Pour moi cette zone m’est apparemment inconnue, bien que relisant mes aventures de 1995, ce fut notre terminus lors de notre visite le 29 octobre avec Francis M. et Bernard B. À l’époque nous avions mis sept heures pour l’aller et retour, c’était il y a 30 ans !

Lors de ma dernière visite de Cabrespine en 2024 – le Réseau Capdeville, situé bien en amont de la zone prévue (après la Galerie des Gours) – j’étais sorti un peu fracassé après six heures de crapahutage. Là le but était d’aller bien plus loin, à gauche hors de la carte ci-dessus, après la Salle des Dômes. Point que Jean-Marie et André atteignaient en marchant à bonne vitesse, en environ trois heures.

Heureusement Jean-Marie a chopé la crève à Spélimages et comme c’est pas la grande forme (il avait d’ailleurs une furieuse envie de rester au lit le matin), son dernier SMS prévoyait une sortie très tranquille. Pour ma part je sortais également de la même crève et j’ai eu les mêmes hésitations à y aller.

Regroupement à Villeneuve avec l’équipe du Kondalé, café et viennoiseries et direction pour notre trio vers le Gouffre de Cabrespine. Philippe, le directeur et membre du club, nous ouvre les portes à 9 heures. 9 h 30 entrée dans le gouffre, désert pas encore de touristes ! Descente de l’échafaudage puis de l’éboulis, toujours bien glissant. Arrivé au niveau de la rivière, au bout d’une heure, je sens que ce n’est vraiment pas la grande forme, jambes un peu molles, instabilité sur les blocs… Mais les copains sont déjà devant à préparer le canoé pour traverser la partie aquatique de la rivière. Et une fois au débarcadère, pas question de faire demi-tour !

Donc nous voilà partis. Progression rivière RAS mais les montées et descente des talus d’argile sont un peu cassantes, quant aux traversées de trémie c’est la galère. Mes copains sont aux petits soins. Mais le temps passe, on dépasse la Salle des Gours, puis la montée vers Capdeville et nous voilà à l’arrivée du réseau de Matte Arnaude qui permet de faire une traversée depuis le plateau. Ensuite c’est la Salle des Dômes. Trois heures que nous sommes partis, question : « Combien reste-t-il de temps pour l’Affluent Sonore ? » ; réponse : « Environ une heure avec la traversée chiante des éboulis de schistes qui sont une patinoire ».

Le calcul est vite fait, aller et retour cela ferait au moins deux heures de crapahut. Le retour risque d’être extrêmement galère sans parler du risque de glissades, etc. La décision est prise : pas question de faire demi-tour, seul c’est trop paumatoire et risqué, sans compter le lac à traverser, je vais les attendre ! En fait on s’est arrêté juste avant les Dômes au niveau d’une alcôve sèche, au sol argileux qui servait de bivouac pour les grandes explos. Et il reste encore deux karrimat°, et suprême luxe, Jean-Marie sort de son kit un poncho, une petite – toute petite – bougie et un briquet. J’ai des provisions, de l’eau, des sous-vêtements épais, mais humides -, je devrais tenir. Combien de temps, au minimum deux heures d’après les copains. Il est 12 h 20.

Pour s’occuper petite poussée jusqu’aux Dômes pour quelques photos. Puis installation, assis sous le poncho, bougie entre les jambes, on sent bien la chaleur. Mais rapidement la position assise devient inconfortable et la petite bougie n’apporte plus beaucoup de calories. Casse-croûte, mais quand le froid s’installe on manque d’appétit. Deuxième heure, allongé sur le karrimat dans l’alcôve, pour essayer de dormir maisimpossible avec le froid et l’humidité (le poncho ça condense !). Il faut se lever pour aller pisser et là ce sont les crampes ! Quelques pas sont possibles et retour au karrimat. Toujours pas de sommeil et une certaine inquiétude pour ce qui concerne le retour, il y en aura au moins pour trois heures. Ça gamberge !

Faut pas trop regarder l’heure mais on approche les trois heures, pas question de bouger, position fœtale pour s’économiser. Il y a bien longtemps que la bougie n’est plus qu’un minuscule point rouge mais cela rassure. Déjà trois heures qu’ils sont partis, un vague murmure dans le lointain, qui se répète puis un appel distinct, ILS ARRIVENT ! Il est 15 h 30, debout le brave, rassemblement des affaires et devant mes tremblements les copains me frottent vigoureusement le dos, la chaleur revient.

On ne s’attarde pas, c’est parti pour le chemin du retour qui finalement paraitra moins long que l’aller – deux heures trente ! Mais la remontée de l’éboulis et de l’échafaudage sera quand même très pénible, tachycardie, jambes molles, je m’arrête à de multiples reprises. On retrouve Philippe qui nous avait attendu avant de fermer la grotte – heureusement ! Il est 18 h 30.

La soirée se terminera à la base spéléo de Trassanel avec une bonne saucisse grillée arrosée de multiples vins, en compagnie de l’équipe du Kondalé. Mais quand même assez vite rentré pour une douche chaude exquise !

Bonne expérience dans la vie d’un spéléo, on a tous l’habitude de rester un certain temps à attendre, soit en haut ou bas de puits ou autre motif mais seul dans le noir pendant trois heures c’est une première. Raisonnablement il n’y avait pas d’inquiétude à avoir, pas d’accident, les copains allaient revenir, seulement un peu d’anxiété pour le retour. Mais en cas d’accident ou de blocage par crue, cela doit être long mais on n’est rarement seul dans ces cas-là.

JND

Un résumé de l’explo de JM et André :

« Nous filons vers notre affluent. Nous arrivons bien à la galerie et attaquons nos provisions. Où est la suite ? Juste à côté il y a bien un passage étroit descendant. Le grondement de la rivière est net. Ça ne m’inspire rien puisqu’on va descendre vers la flotte alors qu’on est là pour monter. Passés les premiers mètres étroits, les parois s’écartent et nous débouchons deux fois sur des regards noyés. Le coin est vraiment pas mal. Le troisième est le bon : le couloir descend vers la Clamoux que nous traversons pour atteindre un couloir rive gauche. Une barrière concrétionnée coupe le couloir. Un ruisselet la descend. Derrière le couloir s’élargit, on file vers le sud mais un petit lac nous arrête : eau turquoise, sable… Le rêve.  Plus d’une dizaine de mètres, je vois bien qu’on n’a pas pied. Je ne suis pas sûr qu’André s’en aperçoive aussi… Il se lance, décidé. Le sol descend et ce qui devait arriver… Il termine sa traversé d’un magnifique papillon crawlé.

https://youtu.be/K-mfzuROKsE

Bref il arrive sur l’autre berge et le couloir continue. Et merde, il va falloir que j’y aille, avec baudard, kit, perfo…. Le couloir monte de plus en plus. Après un petit col nous mettons notre corde pour redescendre une petite faille. Encore quelques mètres et un deuxième ressaut m’arrête (nous n’avions qu’une corde). Plus loin une belle salle se distingue à peine. Retour au col : deux couloirs inclinés partent vers le plafond, boueux mais pénétrables. Pas sans équiper et nous n’avons pas le temps. À l’extrémité du premier, des coulées de boue descendent du plafond. La fin du second est invisible : trou noir. Ça vaudra vraiment le coup d’y revenir une fois au moins. Le Kondalé est très peu ventilé. Donc il existe un bouchon assez hermétique. Peut-être celui-là ?
Retour avec l’épreuve de natation synchronisée… Arrivés à notre galerie initiale, nouvelle collation et mon ARVA capte brièvement un signal victime : 35 m puis 60 puis plus rien… On n’est vraiment pas loin. Il faudra revenir d’autant que l’éboulis au-dessus est inexploré et que de nombreux passages sont évidents.
Marche rapide. Nous rejoignons Jean-Noël. Sa bougie s’est éteinte. Il tremble de tous ses muscles et le claquement des dents résonne sous les voûtes (j’exagère à peine). André le bouchonne énergiquement et nous repartons. »

JMB

Post-conclusion : une certaine frustration de s’être arrêté quand j’ai lu le compte rendu des copains mais la décision a été la bonne. Depuis qu’on patauge dans le Retex on voit bien qu’il faut savoir raison garder. Il y a un moment où la tête dit « On y va » et le corps dit « Stop ! ». Cela peut arriver à tout âge mais je crois que j’ai atteint le point de bascule, savoir renoncer !

JND

 

Vendredi 14 novembre 2025 — Carrières de Caumont — Caumont (76)

Vendredi 14 au Dimanche 16 novembre 2025
Spéléo, visite
Carrières de Caumont, Caumont (76)

Participants
ITP / Spéléo Corbières Minervois / GPS : Jean-Noël D.
FFS : David B. et Alizée, YY et XX

TPST : deux heures

Cette fois, la réunion du Conseil d’administration de la FFS va se faire en présentiel. Lieu ; près de Rouen, en Normandie ! C’est pas très karstique cette région ! Et en plus un peu éloignée des résidences de la plupart des administrateurs. Oui mais depuis que Paul Rabelle, président du CSR J Normandie fait le forcing pour qu’un évènement fédéral se déroule près de chez lui, il a eu gain de cause. Pour une fois il n’aura que 20 km de déplacement et non pas 6 à 700 bornes pour aller à Lyon. Le Journées d’Études des Écoles (EFS, EFC, EFPS) se dérouleront également au même endroit.

Mais venant du fin fond du sud de la France, soit environ 900 km, il me faudra au moins deux jours pour y arriver – heureusement j’ai pu faire une halte familiale dans la région tourangelle. Donc arrivée le vendredi en début d’après-midi. Le site – base de loisirs de Léry-Poses – se trouve à 20 km au sud de Rouen. Anciennes gravières aménagées en lac, très bucolique et verdoyant. Peu de monde hormis Paul et Fabienne sa femme, Le président David est déjà parti pour les carrières mais avec un arrêt à Décathlon – on est tous les mêmes…

Il ne répond pas mais je file sur place, bien renseigné par Paul, on verra bien. Une demi-heure plus tard – environ 30 bornes – me voilà devant la falaise de Caumont en bord de Seine. J’attendrai une petit quart d’heure pour voir arriver David et sa petite équipe, de jeunes spéléos. Equipement – light – en bord de route, sous un beau soleil d’automne et nous voilà entrés chez nous : la parcelle de la grotte des Maquisards et la grotte du Pylône ont en effet été acquis par la FFS en 2019, toutes les autres entrées des Grandes Carrières sont en effet sur des propriétés privées et cela posait quelques difficultés aux spéléos locaux. Heureusement un passage bas dit de l’Enflure (un spéléo du coin un peu « barge » et peu cachotier, avait désobé tout seul une chatière sans en informer les copains…) permet de rejoindre les grands réseaux.

C’est parti pour une visite dans du grand, grand… Grâce à la topo fournie par Paul on découvrira tous les trésors de ces carrières, entre autres la Rivière des Robots, les lacs, les cheminées et l’usine allemande pour finir dans la Galerie de la Luxure. Ils ont de l’imagination ces normands.

La meilleure description des lieux a été écrite par Paul dans un Spelunca N°161 de 2021, laissons lui le clavier :

« La Normandie, de par ses plateaux et ses aquifères karstiques, la vallée de la Seine et la côte crayeuse d’Albâtre, constitue la vitrine naturelle du karst de la craie en Europe. Au cours du Quaternaire, le karst normand, formé de vallées et de dépressions en surface ou sous les rochers et sédiments cénozoïques, ainsi que de grottes actives et fossiles, a subi des modifications géomorphologiques, environnementales et anthropiques. Ce triple impact sur le karst normand est visible dans plusieurs cavités souterraines notamment les carrières-grottes de Caumont (le Mont Chauve).
Le système de carrières-grottes de Caumont (département de l’Eure) constitue 14 km de carrières souterraines trépanant 4,5 km de conduits naturels documentés et partiellement remplis de dépôts fluviaux, de spéléothèmes et autres. Ce plus grand système souterrain en Normandie abrite à la fois des carrières exploitées jusqu’au xxe siècle et un réseau naturel de plus de 4 km de développement. Depuis l’achat des deux carrières des Maquisards et du Pylône par la FFS en 2019, l’accès y est alors plus structuré, permettant ainsi la mise sur pied de plusieurs nouveaux projets d’exploration et de recherche scientifique.
Les assises de craie au-dessus des galeries creusées mesurent jusqu’à 120 m d’épaisseur. Les carrières comprennent plusieurs ensembles de galeries dont les treize entrées principales sont privées dont deux fédérales qui s’ouvrent vers la vallée de la Seine. La plus grande des carrières est celle des Grandes Carrières de Caumont avec un développement cartographié de 10,4 km et qui s’étend sur une superficie estimée de 171 000 m2, tandis qu’au nord, la Carrière de la Jacqueline mesure 0,4 km de longueur et 7 000 m2 de surface. D’autres carrières privées comme celle de la Carrière du Consul restent fermées au public. Les galeries de la Carrière des Maquisards s’étendent sur 1,6 km de longueur et couvrent 61 000 m2 alors que celles du Pylône s’étendent sur 1,6 km de développement et couvrent 58 000 m2 de superficie.
Utilisée principalement comme pierre à bâtir, l’exploitation de la roche dite pierre de Caumont ou craie de Caumont est documentée à partir de l’époque médiévale (xiiie siècle), mais est probablement antérieure. Elle s’est principalement développée à partir du xvie siècle et a connu son plein essor du xviie au xixe siècle. À partir du début du xxe siècle, l’exploitation de la pierre de taille décroît et s’arrête définitivement peu après la Première Guerre mondiale. La pierre de Caumont est une craie du Coniacien, c’est-à-dire un calcaire formé de fragments microscopiques (<20 μm) de coccolithes. Cette craie se caractérise en particulier par la présence de 10-45 % de pores rhomboédriques évidés (20-200 μm), qui sont dérivés de la dissolution de cristaux de dolomite formés après la sédimentation carbonatée. Pourtant, la pierre de Caumont est une roche relativement légère avec une résistance à la compression adéquate. Ces caractéristiques expliquent l’utilisation massive de cette roche à travers les siècles, même si son principal problème est la facilité de pénétration d’eau dans la roche provoquant sa détérioration rapide en comparaison avec d’autres pierres à bâtir, notamment celles de Caen ou de Paris.
Au milieu du xxe siècle, les Grandes Carrières de Caumont connurent d’autres usages. Par exemple, les vestiges d’une usine allemande, construite entre 1943 et 1944 pendant la Seconde Guerre mondiale, longent actuellement une galerie. Il s’agit d’un ouvrage en béton de type bunker s’étendant sur 300 m de long. Ce bâtiment était destiné à la fabrication d’oxygène liquide, gaz initialement prévu comme carburant pour les fusées V2. La construction de cette usine n’a pas été achevée et les objectifs liés à sa construction n’ont jamais été atteints. Après la Seconde Guerre mondiale, une champignonnière dans les Grandes Carrières fut implantée en 1962, au sud de l’usine allemande. Son activité ne dura que quelques années. Actuellement, cet espace souterrain sert à des activités d’exploration et d’initiation à la spéléologie.
L’exploration des galeries naturelles, dites grottes dans le sens spéléologique du terme, remonte aux premières activités d’exploitation des carrières de Caumont. Les carriers découvrent les galeries naturelles remplies de sédiments au fur et à mesure de l’avancement du front de taille depuis la Seine vers le plateau crayeux. Par endroits, les conduits naturels sont très éloignés des entrées de la carrière. Dans d’autres, ils accompagnent le développement des galeries d’accès (ex., le réseau de la Jacqueline). Il est possible que les carriers aient utilisé les drains (naturels) karstiques pour faciliter la découverte de la pierre d’une qualité exceptionnelle pour la construction. Il faut attendre la visite d’Édouard-Alfred Martel à la fin du xixe siècle pour voir publier les premières descriptions spéléologiques du système de Caumont, accompagnées d’un plan du réseau de la Jacqueline.
Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale que les premières études de certaines galeries du réseau naturel (exemple, rivière des Robots ou rivière Blanche, grottes de la Jacqueline, Pylône, galerie du TCF, Grande Faille, salle du Chaos et de la Couronne) furent entamées. À partir de 1965, plusieurs clubs spéléologiques de la région se lancent dans l’exploration du reste des galeries naturelles de Caumont, surtout les remontées systématiques des cheminées grâce à une technique spécifique d’escalade. Ces découvertes mettent ainsi au jour les galeries fossiles supérieures du plus grand réseau souterrain naturel du Bassin de Paris. S’ajoutent à ces explorations verticales, de nouveaux essais de plongée dans le siphon de la rivière des Robots, au-delà de la voûte mouillante, afin de prolonger son exploration. De 1970 à 1980, plusieurs essais de plongée menés d’abord par le Spéléo-club de Rouen et ensuite par les équipes de spéléo-plongeurs de Paris, explorent quelques siphons liés à la zone noyée de ce système, dont le siphon Michel qui se prolonge sur 930 m de conduits noyés. En 1990, de nouvelles explorations en plongée souterraine dans la branche noyée du système effectué par le club BREN prolongent le développement du siphon Michel jusqu’à 970 m. D’autres types d’explorations ont accompagné les découvertes des conduits noyés du système de Caumont, notamment des travaux de désobstruction dans les galeries naturelles en évacuant une partie de leurs propres dépôts et rendant ainsi leur accès plus confortable pour les équipes spéléologiques.
Plusieurs chantiers de désobstruction ont été conduits pour connecter les carrières entre elles comme celle de la liaison entre la carrière des Maquisards et les Grandes Carrières de Caumont. D’autres travaux de désobstruction sont toujours en cours afin de compléter les explorations des niveaux supérieurs.
(…) »*

Deux heures plus tard, sortie à la nuit tombante et retour à la base pour le premier apéro. Samedi et dimanche seront bien chargés en discussions et échanges.
Un weekend très sympathique.

JND

* Paul Rabelle, Carole Nehme, Daniel Ballesteros, Damase Mouralis et Aude Paichault, Les carrières-grottes de Caumont revisitées (Normandie), Spelunca N°161, 2021

Dimanche 9 novembre 2025 – Mine de Bauxite de Tourves-Mazaugues – Mazaugues (83)

Dimanche 9 novembre 2025
Spéléo, visite
Mine de Bauxite de Tourves — Mazaugues (84) —
ITP / Spéléo Corbières Minervois / GPS : Jean-Noël D.
CoMed :11 participants
CDS83 : Guillaume C., Doriane D.-F., Éric D.

TPST : deux heures

Cette année, pas de cavités avec plein de spéléothèmes au programme – pourtant elles ne manquent pas dans le Var –, ce sera une visite de mine : les mines de bauxite de Tourves / Mazaugues.

Nous serons pilotés par Éric D. que l’on remercie pour ses commentaires instructifs sur l’exploitation de la bauxite ainsi que les spéléos du CDS83, Doriane D.-F. et Guillaume C. pour leur accompagnement fort sympathique.

Avant tout, quelques explications géologiques fournies par Dominique Blet :

La bauxite est une roche sédimentaire découverte en 1821 aux Baux de Provence dont elle tire le nom. Le terme bauxite désigne en fait un ensemble de roches riches en oxydes et hydroxydes d’aluminium mais dont la composition varie et dont la teneur en silice (résiduelle) conditionne son usage en tant que minerai d’alumine. D’autres oxydes métalliques sont présents dans la roche tels que le titane ou le gallium lui aussi exploité tandis que les oxydes de fer sont éliminés.

La mine de Mazaugues est située au sein d’une bande sédimentaire qui s’étend sur 14 km d’Est en Ouest, logée entre les calcaires à rudistes du Coniacien (-88 Ma) du Crétacé supérieur au Sud et les calcaires blancs du Tithonien (-150 Ma) dernier étage du Jurassique supérieur au Nord.Le gisement de bauxite de la mine de Mazaugues repose sur les calcaires karstifiés du Valanginien (-135 Ma) et sont surmontés par les calcaires noirs du Turonien que nous avons pu observer au plafond des couloirs de la mine.

Le gisement est important et a donné lieu à plusieurs exploitations minières – Mazaugues et Vautruite – ou à ciel ouvert – Equireuil. La mine de Mazaugues a cessé d’être exploitée en 1980. Le minerai était traité par l’usine Altéo de Gardanne qui utilise maintenant le minerai en provenance de Guinée via le port de Marseille. Le procédé d’extraction du minerai d’aluminium – procédé Bayer – consiste à séparer à haute température les oxydes de fer et d’aluminium. Les oxydes de fer sont éliminés par lessivage et donnaient les fameuses « boues rouges » évacuées vers les fosses marines au large de Marseille. Depuis 2013 cette pollution a cessé par retraitement des eaux delessivage et récupération des déchets eux-mêmes exploités. Les oxydes d’aluminium débarrassés des autres oxydes métalliques prennent le nom d’alumine qui est blanche. Ils sont alors traités par électrolyse pour produire le métal aluminium.

Origine de la bauxite
La bauxite de Provence s’est formée au Crétacé qui était, pour ce qui deviendra cette région, enclimat tropical. Il y a eu altération des roches magmatiques du massif hercynien et hydrolyse des feldspaths (série albite-anorthite) conduisant dans un premier temps à la formation d’argile (kaolinite) puis le climat chaud et très humide a permis la poursuite de l’hydrolyse de l’argile formée conduisant au lessivage des ions solubles et à la ségrégation des minéraux insolubles – les hydroxydes métalliques (fer, aluminium, gallium et titane). Les hydroxydes insolubles sont alors transportés (par gravitation et transport fluviatile) dans les zones en creux déjà existantes, bassins et paléo karst. La présence dans la mine de puits et salles d’originekarstique explorées par nos amis spéléologues atteste du rôle du paléo karst en tantque lieu de sédimentation. Les mines de fer du plateau de Lacamp dans l’Aude relèvent du même processus sédimentaire. Il n’est donc pas étonnant que la bauxite repose sur les calcaires karstifiés du Valanginien qui est le deuxième étage du Crétacé.

Les roches prélevées dans la mine de Mazaugues
La bauxite tigrée est un bel assemblage de nodules rougeâtres (pisolites ferrugineux) ou blancs (aluminium) dans une gangue de silice. Les carbonates sont absents.

La roche noire du turonien est un mélange complexe de calcaire, de débris végétaux noirs qui teintent l’ensemble bien que peu abondants et surtout d’éléments silicatés abondants (sable) correspondant très certainement à une série fluvio-lacustre.

Cette superposition de strates est très visible sur la photo ci-contre. Le calcaire turonien, très foncé, apparait au plafond.

Dominique B.

Dimanche matin, neuf heures, départ de la tribu CoMed pour retrouver nos guides,directionensuite Mazaugues à une cinquantaine de kilomètres au nord de Toulon. Une courte piste et on stationne devant le portail de l’usine abandonnée de Trouves / Mazaugues. Équipement léger, casque et combi suffiront. Une fois le portail franchi, la matche d’approche sera de cinq minutes, en terrain plat. Nous voilà devant l’entrée blindée de la descenderie. Pour des raisons de sécurité, le site est bien protégé.

On descend dans un tunnel relativement large de 2-3 m, avec une hauteur sous plafond de même dimension et en pente régulière. Le filon rouge de bauxite est bien visible

 

 

 

 

Quelques centaines de mètres plus loin, la progression devient horizontale, la section des galeries rectilignes est identique. Sur le mur, un peu plus loin, c’est le tableau des jetons de recette, les travailleurs pointaient tous les jours. S’il en manquait un le soir, c’est qu’un mineur était toujours au fond.

On découvre une voie unique, un rail noyé dans le sol rouge boueux. On le suit sur plusieurs centaines de mètres, toujours dans le tunnel, puis un aiguillage donne naissance à une deuxième voie parallèle. Un peu plus loin encore une bretelle de raccordement entre les deux voies.

On peut observer des strates de bauxite d’une cinquantaine de centimètres d’épaisseur.

Nous voilà à l’espace qui servait de dépôt, embranché sur la voie principale et où est encore en place un locotracteur.

Descente dans une galerie perpendiculaire avec pente plus importante, la traction des berlines se faisait par un treuil situé dans un renfoncement en haut de la galerie.

En bas une série de cavités supportée par des piliers donne à voir plusieurs chantiers desservis soit par des sauterelles, soit par des plaques tournantes ou encore des aiguillages.

En certains endroits, il faut mieux éviter de lever les yeux au plafond…

Au fond d’une galerie, un wagonnet abandonné, qui devait servir à acheminer les rails au fond de taille.

Des empilements de rails sont encore en place sur une hauteur de 1 m.

Fin de la galerie, nous ne pouvons aller plus loin car l’eau affleure. La galerie disparaît sous l’eau.

Au retour, on découvre une berline bien pliée, sans doute victime d’un éboulis, de multiples effondrements dû aux infiltrations ont été observés.

Balade ensuite dans des galeries de bien plus grandes dimensions, sites d’extraction plus récents, des engins pouvaient y circuler. Le plafond est conforté par des boulons.

Poursuite des déambulations, la galerie est fermée par une paroi métallique avec un soupirail en son point bas. Ce serait une banale étroiture à franchir car derrière cela continue, mais la suite est en partie inondée. L’endroit est idéal pour la photo de groupe.

Nos guides nous mènent vers une galerie ressemblant plus à un boyau de spéléo, qui permet l’accès à son extrémité à une vraie grotte ; une coulée stalagmitique, quelques ressauts, un vrai puits de 10 m et une suite… Sniff, on n’est pas équipés.

Voilà le temps du retour, TPST au moins deux heures. On retrouve le soleil, nos guides doivent nous quitter pour cause d’obligations familiales. Ils nous indiquent un site idéal pour aller pique-niquer : le Saut du Cabri dans les gorges du Caramy, à quelques kilomètres.

Bien restaurés, on se concerte pour trouver une petite rando pour éliminer ces agapes. JP propose le monastère et la grotte de Marie Madeleine, haut-lieu touristique de la Sainte Baume ; ce n’est qu’à quelques kilomètres. Mais plus on s’approche, plus la densité de véhicules en stationnement s’accroit. Au départ du sentier ce sont plusieurs centaines de véhicules qui sont garées ! Pas question d’aller grimper avec cette foule.

Brigitte trouve un plan B, une boucle de 7 km pour aller découvrir la source l’Huveaune ou résurgence de la rivière de la Castellette – la grotte éponyme se situant juste au-dessus. Mais vu l’heure un peu tardive – il est 15 h 30 – on se contentera d’un aller-retour, qui fera quand même 6,97 km avec 270 m de dénivelé (sans être un calvaire, le Chemin des Roys, qui suit l’itinéraire que les rois de France, les reines, les papes et les pèlerins empruntaient dans leur pèlerinage vers la grotte Marie Madeleine, est une belle grimpette…) pour deux heures de rando, on rentrera juste à la nuit tombante. On aura pu admirer les tufs calcaires créés par la rivière qui a traversé la grotte. Les plus courageux ont poussé jusqu’à la Grotte du Moulin quelques dizaines de mètres plus haut.

Un beau résumé en images : https://www.youtube.com/watch?v=5cdD7BL7VZE

Le lendemain soir, pour clôturer ces superbes journées, balade sur le chemin côtier de Saint-Mandrier. Toujours à la nuit tombante ce qui nous a permis d’admirer un magnifique coucher de soleil.

JND

Jeudi 24 octobre 2025 – Recherche des mines des Corbières ; Plateau de Lacamp — Talairan (11)

Jeudi 24 octobre 2025
Spéléo, prospection, à la recherche des mines des Corbières
Plateau de Lacamp — Talairan (11

Participants
ITP / Spéléo Corbières Minervois / GPS : Jean-Noël D.
Spéléo Corbières Minervois : Christophe B.
Gente canine : Bosco, Patie

TPESurface : cinq heures

Poursuite des repérages d’éventuelles entrées de mines ou autres cavités sur le secteur de Talairan. On se retrouve avec Christophe au parking de la maison forestière Saint Rome pour 10 heures. Équipe restreinte, deux spéléos aguerris accompagnés de deux chiens chasseurs de cavités. Temps un peu couvert ce matin mais peu de vent et une température agréable pour crapahuter dans le bartas.

Direction le Chalet où Christophe laissera sa voiture et on se regroupe dans le Disco car la zone est distante de un à deux kilomètres. Les pistes sont confortables, rien à voir avec Castiglione ou Ghisoni, c’est plutôt ambiance safari/Daktari au milieu de la savane. Comme la dernière fois, Christophe a pointé les points Lidar susceptibles d’être un trou.

Au cours de la matinée, on repérera une dizaine de sites qui seront, soit des tranchées de sondage minier, soit une excavation rebouchée, soir rien ! Simple légère dépression sur le terrain, le Lidar est très sensible. Pas de charbonnières cette fois. Mais surprise on découvrira deux entrées de cavités potentielles, que le Lidar avait ignoré ? ?

Pour l’une c’est un orifice de 0,4×0,4 m qui se descend sur 2 m avec une courte galerie de 1,50 m bouchée par un effondrement. Pour l’autre un chaos rocheux avec un départ étroit avec léger courant d’air et vue sur du noir, à élargir…

La progression dans le bartas est toujours une épreuve, pas de dénivelé cette fois mais un enchevêtrement d’arbustes et de branchages. Heureusement pas de ronces ni de salsepareille. Les chiens sont plus à l’aise que nous car au raz du sol c’est plus dégagé surtout pour Patie, la Jack Russel.

Spuntinu classique au Chalet reprise des recherches dans une zone plus proche. Le bilan sera de 15 points reconnus et 2 découvertes. Un peu fourbus on lève le camp vers 15 h 30.

Il reste encore au moins deux jours de recherches sur zone et surtout la partie biospéléo (chiroptères et entomologie) à réaliser. Prévue en novembre sur deux jours, un jour de pose d’appâts et un jour de récolte.

JND