Vendredi 14 au Dimanche 16 novembre 2025
Spéléo, visite
Carrières de Caumont, Caumont (76)
Participants
ITP / Spéléo Corbières Minervois / GPS : Jean-Noël D.
FFS : David B. et Alizée, YY et XX
TPST : deux heures
Cette fois, la réunion du Conseil d’administration de la FFS va se faire en présentiel. Lieu ; près de Rouen, en Normandie ! C’est pas très karstique cette région ! Et en plus un peu éloignée des résidences de la plupart des administrateurs. Oui mais depuis que Paul Rabelle, président du CSR J Normandie fait le forcing pour qu’un évènement fédéral se déroule près de chez lui, il a eu gain de cause. Pour une fois il n’aura que 20 km de déplacement et non pas 6 à 700 bornes pour aller à Lyon. Le Journées d’Études des Écoles (EFS, EFC, EFPS) se dérouleront également au même endroit.
Mais venant du fin fond du sud de la France, soit environ 900 km, il me faudra au moins deux jours pour y arriver – heureusement j’ai pu faire une halte familiale dans la région tourangelle. Donc arrivée le vendredi en début d’après-midi. Le site – base de loisirs de Léry-Poses – se trouve à 20 km au sud de Rouen. Anciennes gravières aménagées en lac, très bucolique et verdoyant. Peu de monde hormis Paul et Fabienne sa femme, Le président David est déjà parti pour les carrières mais avec un arrêt à Décathlon – on est tous les mêmes…
Il ne répond pas mais je file sur place, bien renseigné par Paul, on verra bien. Une demi-heure plus tard – environ 30 bornes – me voilà devant la falaise de Caumont en bord de Seine. J’attendrai une petit quart d’heure pour voir arriver David et sa petite équipe, de jeunes spéléos. Equipement – light – en bord de route, sous un beau soleil d’automne et nous voilà entrés chez nous : la parcelle de la grotte des Maquisards et la grotte du Pylône ont en effet été acquis par la FFS en 2019, toutes les autres entrées des Grandes Carrières sont en effet sur des propriétés privées et cela posait quelques difficultés aux spéléos locaux. Heureusement un passage bas dit de l’Enflure (un spéléo du coin un peu « barge » et peu cachotier, avait désobé tout seul une chatière sans en informer les copains…) permet de rejoindre les
grands réseaux.
C’est parti pour une visite dans du grand, grand… Grâce à la topo fournie par Paul on découvrira tous les trésors de ces carrières, entre autres la Rivière des Robots, les lacs, les cheminées et l’usine allemande pour finir dans la Galerie de la Luxure. Ils ont de l’imagination ces normands.
La meilleure description des lieux a été écrite
par Paul dans un Spelunca N°161 de 2021, laissons lui le clavier :
« La Normandie, de par ses plateaux et ses aquifères karstiques, la vallée de la Seine et la côte crayeuse d’Albâtre, constitue la vitrine naturelle du karst de la craie en Europe. Au cours du Quaternaire, le karst normand, formé de vallées et de dépressions en surface ou sous les rochers et sédiments cénozoïques, ainsi que de grottes actives et fossiles, a subi des
modifications géomorphologiques, environnementales et anthropiques. Ce triple impact sur le karst normand est visible dans plusieurs cavités souterraines notamment les carrières-grottes de Caumont (le Mont Chauve).
Le système de carrières-grottes de Caumont (département de l’Eure) constitue 14 km de carrières souterraines trépanant 4,5 km de conduits naturels documentés et partiellement remplis de dépôts fluviaux, de spéléothèmes et autres. Ce plus grand système souterrain en
Normandie abrite à la fois des carrières exploitées jusqu’au xxe siècle et un réseau naturel de plus de 4 km de développement. Depuis l’achat des deux carrières des Maquisards et du Pylône par la FFS en 2019, l’accès y est alors plus structuré, permettant ainsi la mise sur pied de plusieurs nouveaux projets d’exploration et de recherche scientifique.
Les assises de craie au-dessus des galeries creusées mesurent jusqu’à 120 m d’épaisseur.
Les carrières comprennent plusieurs ensembles de galeries dont les treize entrées principales sont privées dont deux fédérales qui s’ouvrent vers la vallée de la Seine. La plus grande des carrières est celle des Grandes Carrières de Caumont avec un développement cartographié de 10,4 km et qui s’étend sur une superficie estimée de 171 000 m2, tandis qu’au nord, la Carrière de la Jacqueline mesure 0,4 km de longueur et 7 000 m2 de surface. D’autres carrières privées comme celle de la Carrière du Consul restent fermées au public. Les galeries de la Carrière des Maquisards s’étendent sur 1,6 km de longueur et couvrent 61 000 m2 alors que celles du Pylône s’étendent sur 1,6 km de développement et couvrent 58 000 m2 de superficie.
Utilisée principalement comme pierre à bâtir, l’exploitation de la roche dite pierre de Caumont ou craie de Caumont est documentée à partir de l’époque médiévale (xiiie siècle), mais est probablement antérieure. Elle s’est principalement développée à partir du xvie siècle et a connu son plein essor du xviie au xixe siècle. À partir du début du xxe siècle, l’exploitation de la pierre de taille décroît et s’arrête définitivement peu après la Première Guerre mondiale. La pierre de Caumont est une craie du Coniacien, c’est-à-dire un calcaire formé de fragments microscopiques (<20 μm) de coccolithes. Cette craie se caractérise en particulier par la présence de 10-45 % de pores rhomboédriques évidés (20-200 μm), qui sont dérivés de la dissolution de cristaux de dolomite formés après la sédimentation carbonatée. Pourtant, la pierre de Caumont est une roche relativement légère avec une résistance à la compression adéquate. Ces caractéristiques expliquent l’utilisation massive de cette roche à travers les siècles, même si son principal problème est la facilité de pénétration d’eau dans la roche provoquant sa détérioration rapide en comparaison avec d’autres pierres à bâtir, notamment celles de Caen ou de Paris.
Au milieu du xxe siècle, les Grandes Carrières de Caumont connurent d’autres usages. Par exemple,
les vestiges d’une usine allemande, construite entre 1943 et 1944 pendant la Seconde Guerre mondiale, longent actuellement une galerie. Il s’agit d’un ouvrage en béton de type bunker s’étendant sur 300 m de long. Ce bâtiment était destiné à la fabrication d’oxygène liquide, gaz initialement prévu comme carburant pour les fusées V2. La construction de cette usine n’a pas été achevée et les objectifs liés à sa construction n’ont jamais été atteints. Après la Seconde Guerre mondiale, une champignonnière dans les
Grandes Carrières fut implantée en 1962, au sud de l’usine allemande. Son activité ne dura que quelques années. Actuellement, cet espace souterrain sert à des activités d’exploration et d’initiation à la spéléologie.
L’exploration des galeries naturelles, dites grottes dans le sens spéléologique du terme, remonte aux premières activités d’exploitation des carrières de Caumont. Les carriers découvrent les galeries naturelles remplies de sédiments au fur et à mesure de l’avancement du front de taille depuis la Seine vers le plateau crayeux. Par endroits, les conduits naturels sont très éloignés des entrées de la carrière. Dans d’autres, ils accompagnent le développement des galeries d’accès (ex., le réseau de la Jacqueline). Il est possible que les carriers aient utilisé les drains (naturels) karstiques pour faciliter la découverte de la pierre d’une qualité exceptionnelle pour la construction. Il faut attendre la visite d’Édouard-Alfred Martel à la fin du xixe siècle pour voir publier les premières descriptions spéléologiques du système de Caumont, accompagnées d’un plan du réseau de la Jacqueline.
Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale que les premières études de certaines galeries du
réseau naturel (exemple, rivière des Robots ou rivière Blanche, grottes de la Jacqueline, Pylône, galerie du TCF, Grande Faille, salle du Chaos et de la Couronne) furent entamées. À partir de 1965, plusieurs clubs spéléologiques de la région se lancent dans l’exploration du reste des galeries naturelles de Caumont, surtout les remontées systématiques des cheminées grâce à une technique spécifique d’escalade. Ces découvertes mettent ainsi au jour les galeries fossiles supérieures du plus grand réseau souterrain naturel du Bassin de Paris. S’ajoutent à ces explorations verticales, de nouveaux essais de plongée dans le siphon de la rivière des Robots, au-delà de la voûte mouillante, afin de prolonger son exploration. De 1970 à 1980, plusieurs essais de plongée menés d’abord par le
Spéléo-club de Rouen et ensuite par les équipes de spéléo-plongeurs de Paris, explorent quelques siphons liés à la zone noyée de ce système, dont le siphon Michel qui se prolonge sur 930 m de conduits noyés. En 1990, de nouvelles explorations en plongée souterraine dans la branche noyée du système effectué par le club BREN prolongent le développement du siphon Michel jusqu’à 970 m. D’autres types d’explorations ont accompagné les découvertes des conduits noyés du système de Caumont, notamment des travaux de désobstruction dans les galeries naturelles en évacuant une partie de leurs propres dépôts et rendant ainsi leur accès plus confortable pour les équipes spéléologiques.
Plusieurs chantiers de désobstruction ont été conduits pour connecter les carrières entre elles comme celle de la liaison entre la carrière des Maquisards et les Grandes Carrières de Caumont. D’autres travaux de désobstruction sont toujours en cours afin de compléter les explorations des niveaux supérieurs.
(…) »*
Deux heures plus tard, sortie à la nuit tombante et retour à la base pour le premier apéro. Samedi et dimanche seront bien chargés en discussions et échanges.
Un weekend très sympathique.
JND
* Paul Rabelle, Carole Nehme, Daniel Ballesteros, Damase Mouralis et Aude Paichault, Les carrières-grottes de Caumont revisitées (Normandie), Spelunca N°161, 2021


