Archives de l’auteur : Henri-Pierre F.

Dimanche 16 octobre 2022 – Grotte de Santa Catalina, Sisco

Stage photo

Grotte de Santa Catalina, Sisco

Participants

  • ITP : Wanda C., Albert D., Amal D., Jean-Noël D., Henri-Pierre F., Éric G., Marie Pierre R.
  • Formateurs : Philippe C., Annie G.

TPST : 6h00

Photos

Pour cette 2ème sortie du stage photo était prévue initialement la grotte de Butrone, mais le chemin d’accès n’ayant pas été débroussaillé depuis longtemps, le choix s’est porté sur Santa Catalina.

On avait peaufiné l’organisation :

1/ Coté nourriture sous l’égide d’Anto, Odette et Amal avaient préparé des repas somptueux.

2/ La photo nécessite des modèles. Le régime spéléo qui consiste à s’enquiller sortie après sortie force cochonnailles, saucissonnades, grillades, fromages à pâtes molles, dures, pressées ou fraiches, gâteaux et barres de chocolat arrosés d’alcool de tout degré et de toute couleur ne favorise pas le maintien d’une taille XXS au fil du temps. De plus, vue la moyenne d’âge des spéléo, Philippe sait bien qu’il ne va pas toujours trouver dans les clubs les modèles idéales. Aussi voyage-t-il avec son propre modèle, Annie. Toute fine et toute mince, le modèle spéléo idéal. Ça tombe bien c’est sa compagne. En plus elle est prof d’anglais, ce qui aide bien dans les expéditions internationales quand tu n’as plus Google traduction parce que ton portable ne passe plus.

Philippe ne pouvait pas savoir qu’en Corse la sélection darwinienne fait qu’en raison de l’exiguïté des cavités, les tailles au-delà du M ont abandonné la spéléo depuis longtemps ou sont restées au fond dans une étroiture. Aussi avons-nous amené également nos modèles idéales : Wanda, Amal et Marie Pierre qu’il fallait également former pour l’après stage.

3/ Coté sécurité on était bien organisé : la protection divine d’abord, essentielle dans ce genre d’expédition.

Santa Catherine, patronne des marins, des philosophes, des jeunes filles et des guérisseurs ne nous sera pas d’une grande utilité sauf à la rigueur pour Wanda, HP et Jean-Noël qui sont médecins mais pas vraiment guérisseurs. Les jeunes filles, on en voit bien passer lors des initiations mais elles ne s’inscrivent jamais au club. Santa Catalina, des photographes et des spéléologues elle n’en a rien à carrer, il ne fallait pas compter sur elle.

La patronne des photographes c’est Sainte Véronique, Santa Veronica en Corse (nom d’origine hybride, mi-latine, mi-grecque : vera icona = véritable image). Elle aurait accompagné Jésus lors de son chemin de croix et essuyé son visage couvert de sueur et de sang avec un linge recueillant ainsi l’image de la « Sainte Face ». Malheureusement, on n’a pas en Corse de grotte nommée Santa Veronica. On avait bien une Véronique au club, qui aurait aussi pu servir de modèle, mais elle est partie du côté des Corbières gouter d’autres cépages que le niellucciu ou le syrah.

Les historiens de la photographie font souvent référence à des mythes antiques. Narcisse qui succombe au reflet de sa propre image. Actéon, chasseur et voyeur qui se cache dans les roseaux pour épier Diane prenant son bain. Persée qui brandit sa gorgone pétrifiante devant l’adversaire. Là on a : Albert qui perd ses clefs et son téléphone partout où il passe et pétrifie tout interlocuteur qui lui parle de Paul Giacobbi et de Josiane Lips. Albert/Persée (clefs) sera donc notre Saint Patron.

La moitié de L’ASV est là : Wanda, Amal, Jean-Noël et HP. En cas d’accident, ça devrait aller pour les premiers secours.

J’avais quand même un doute sur le choix de la grotte. Jusque-là on n’y avait amené surtout des scientifiques : Élisabeth et Mado, animatrices de la Commission Régionale du Patrimoine Géologique de Corse ; Josiane et Bernard Lips pour le stage entomo ; Marco Isaia professeur à l’université de Turin, spécialiste des araignées Troglohyphantes. Ça avait l’air de leur avoir plu.

Mais Philippe et Annie qui ont photographié certaines des plus belles cavités du monde sur tous les continents, des mines de sel en Iran, des tunnels de lave à la Réunion ou à Hawaï, sont avant tout des artistes. Quel intérêt pour eux Santa Catalina ?

Certes la photographie fait appel à de nombreuses notions d’optique : les ISO, l’ouverture, les histogrammes, les diaphragmes, la température des couleurs… Mais enfin ce qui motivent les artistes c’est la recherche de la beauté. Le plissement des cipolins, les cloportes bleus, les myriapodes, les chauves-souris échangistes, la caverne sombre et boueuse jonchée de guano et de fientes de pigeon ne m’avaient jamais paru particulièrement beaux.

Ce en quoi je me trompais. Les flashs allaient révéler un monde nouveau de toute beauté.

Rendez-vous à donc à 9 heures au pied de la statue. Petit rappel historique (cf. en annexe) puis l’on descend vers le porche d’entrée.

Premier sujet de photographie l’entrée de la grotte. Premier problème : le contraste entre la noirceur de l’entrée et la clarté des parois. Le soleil faisant son apparition le contraste devient impossible à surmonter. Il faudrait revenir en fin d’après-midi.

On pénètre dans la grotte et l’on se pose un deuxième objectif : photographier la sortie. Problème inverse. La mer est mal définie. On peut utiliser le mode braketing qui permet de faire plusieurs photos avec des réglages différents et combiner les images pour que toutes les zones soient correctement exposées. Si ça n’est pas suffisant on peut faire des collages sous Photoshop des différentes parties du cliché.

3ème sujet : Photo artistique : Annie perchée sur un ressaut. Choisir éclairage principal. Jouer avec les ISO, l’ouverture : choisir le couple idéal. Cadrage. Positionnement des éclairages, contrejour, flashs latéraux, homme lampadaire. Éclairage des zones d’intérêt. Utilisation du snoot. Choisir la vitesse. Analyse de l’histogramme. La grotte illuminée par les flashs prend des allures mystérieuses. Le « tape cul » qui crée un halo de lumière nous fait croire un moment à la résurrection de la Sainte.

4ème sujet : une « mâchoire de requin » au-dessus d’un auvent. Il faut éclairer les plis de la mâchoire sans sur ou sous-exposer, régler la puissance des flashs par tâtonnement. Pas évident.

5ème sujet : de nouveau Annie 

Mais le temps passe. Après la traditionnelle photo de sortie de grotte vers 16h, nous filons chez Jeannot nous désaltérer et rentrons au club nous sustenter avec les restes du repas pantagruélique préparé la veille par Amal. Puis débriefing. Philippe commente avec bienveillance nos photos. Certaines sont magnifiques. Chaque appareil nécessite des réglages qui lui sont propres.

Le repas du soir, préparé par Odette nous attend : soupe corse, migliaccioli et frappes. Alexia et sa Maman, Noël et Anto nous ont rejoints.

Fin d’une journée extrêmement sympathique et instructive et repos avant le lendemain : direction la grotte de Brando.

N.B. : Petit rappel historico-religieux :

Vierge et martyre, Ste Catherine fut rouée et décapitée par l’Empereur Maximin qu’elle refusa d’épouser pour demeurer chaste et se consacrer à Dieu (d’où la statue en amont de la route).

Une mystérieuse légende s’attache au manoir : en 1255 ou 1325, selon les sources, un navire transportant un reliquaire attaché à la basilique Sainte Catherine d’Alexandrie, d’Égypte en Avignon où s’est installée la Papauté, est pris dans une violente tempête au large de Sisco. Face au péril, les passagers implorent Dieu, lui promettant de déposer le reliquaire dans le premier lieu chrétien rencontré en échange de leurs vies sauves et sont exaucés. Ils peuvent aborder dans une crique devant la grotte. Mais une fois leur navire réparé, ils repartent vers Avignon. Une nouvelle tempête se lève au cours de laquelle le navire sombre. Le reliquaire peut toutefois être sauvé et est déposé dans une petite chapelle datant du 12è siècle, édifiée elle-même sur un sanctuaire du 2ème ou 3ème siècle et sise sur un promontoire au-dessus de la grotte. Dans le second quart du 15ème siècle, des religieux viennent s’installer à côté de la chapelle devenue lieu de pèlerinage, puis construisent un hôpital pour héberger les infirmes qui affluaient chaque jour espérant un miracle comme il s’en produisait journellement selon la tradition.

Les pèlerins descendaient en procession dans une crypte de la chapelle par un escalier aménagé près du chœur ; ils empruntaient un étroit couloir, passaient devant un petit autel et remontaient par l’autre côté. Ce dispositif, réalisé au 15ème siècle, était peut-être une copie du Saint Sépulcre de Jérusalem.

Une source miraculeuse à côté de laquelle pousse des papyrus était réputée guérir les ophtalmies, tout comme sa source jumelle qui coule près d’Alexandrie, sur le lieu où fut édifiée la Basilique de Sainte Catherine d’Alexandrie, dont l’édifice recouvrait un ancien temple dédié à la déesse Isis.

Au 16ème siècle les reliques furent mises à l’abri des rapines barbaresques à l’église Saint Martin de Sisco devenue plus sûre et dominante. Elles sont visibles dans une armoire de la sacristie. Transportées dans des petits coffrets en ivoire « elles comprennent un morceau de la baguette que portait Moïse pendant sa traversée du désert, un peu de manne tombée dans le désert, un peu du limon ayant servi à façonner Adam ; les bourses de la Sainte Vierge, de Sainte Marie-Madeleine, de Sainte Catherine ; quelques brins de fil filé par la Vierge, quelques gouttes de son lait, un fragment du bois de la Sainte Croix, un poil du manteau de Jean Baptiste… ». Les reliques ont été authentifiées par l’évêque de Mariana au 18è siècle !

Enfin un souterrain relierait le manoir à la mer. L’existence de ce passage serait une quasi-certitude mais on a perdu la trace de son entrée et de sa sortie. La légende veut qu’il débouche dans le tombolo de Sainte Catherine. Pourtant les nombreuses visites des topis dans la grotte n’ont jamais pu le retrouver.

La crique est encombrée d’énormes blocs rocheux rendant tout accostage par la mer impossible. Ils ont dévalé là lors de la construction de la route impériale vers 1840 ou plus tard lors de son élargissement, on voit les traces de barre à mine. Le chemin de Sisco à Bastia passait auparavant par le manoir.

Il n’y a pas de preuves de l’existence de Sainte Catherine. Peut-être a-t-elle été créée au Moyen Âge par récupération du personnage d’Hypatie, en inversant le rôle des chrétiens et des païens.

Hypatie, mathématicienne et philosophe enseignait la philosophie et l’astronomie et dirigeait l’école néoplatonicienne d’Alexandrie. Non chrétienne, mais tolérante vis-à-vis des premiers chrétiens, elle est assassinée en 415 par des moines chrétiens qui l’accuse d’entretenir des dissensions entre l’évêque d’Alexandrie et le préfet d’Égypte. Symbole féministe de sagesse, d’intelligence et de tolérance son histoire est d’une brulante actualité. Les salles supérieures de Santa Catalina portent son nom.

Curieusement, cette grotte, qui porte le nom d’une sainte, suppliciée et décapitée pour préserver une virginité consacrée à Jésus, est le siège d’ébats souterrains humains et chiroptères multiples. Elle est un site de regroupement automnal de minioptères de Schreiber qui s’accouplent par centaines la nuit dans la deuxième partie de la grotte. Ébats aussi humains comme en témoignent certaines dénominations : La salle des ébats dite aussi Albertlieberspielzimmer, le boyau de la P.. PHP

Samedi 20 novembre 2021 – Spéléo, débroussaillage accès cavité – Grotta di Ghjovani, Santa Maria di Lota

Samedi 20 novembre 2021

Spéléo, débroussaillage accès cavité

Grotta di Ghjovani, Santa Maria di Lota

Participants

  • ITP : Wanda C., Pierre-Yves D., Jean-Noël D., Henri-Pierre F., Véronique M.
  • Gente canine : Bosco, Nala

Photos

La LISC a signé une convention avec le BRGM dans laquelle elle s’est engagée à fournir divers renseignements (emplacement, topographie, volume, épaisseur du toit, origine géologique…) sur les cavités des communes du Grand Bastia concernées par le Plan de Prévention des Risques (PPR) de mouvements de terrain et d’effondrement liés à la présence de cavités souterraines naturelles. Le BRGM a demandé à être accompagné pour visiter certaines cavités particulièrement à risque notamment à cause de la présence d’habitation à proximité.

La grotte des Ghjovani est l’une d’entre elles. Elle s’ouvre au pied du front de taille d’une ancienne carrière calcaire de Miomo, en dessous de certaines villas de Partine.

La grotte a fait l’objet de 8 visites depuis sa première exploration par les topi en 1995, 1 seule après 2009. L’accès a toujours posé problème. Le passage par en bas depuis la D 31 traverse une propriété privée dont le propriétaire demande à être informé de notre venue. Le passage par en haut, par Partine, offre 2 possibilités : soit rejoindre après 30 mètres de marche le sommet du front de taille de la carrière et descendre les 10 mètres de verticale au moyen d’une corde. Cette voie nécessite cependant de s’amarrer dans un jardin privé clôturé et muré depuis notre dernière visite. Soit contourner les fronts de taille par l’Ouest et après 400 mètres aborder le bas de la carrière. Le BRGM ayant décliné toute remontée sur corde, nous devrons donc emprunter cette dernière. Notre sortie vise à retrouver le chemin et à le débroussailler.

Rendez-vous au parking de Miomo à 14 heures, puis direction Partine. En fait de grotte des jeunes, hormis Pierre-Yves, l’équipe n’est plus de première jeunesse, mais motivée.

Armés de faux, cisailles et sécateurs nous descendons un sentier vers le Sud. On hésite un peu. Je ne me souviens plus du tout du chemin bien qu’étant venu en 2017. On passe devant une plateforme en bois de chasseur construite dans un arbre et on rejoint… la propriété évoquée plus haut !! On est toutefois à une cinquantaine de mètres de la villa, probablement dans la limite du rayon de débroussaillage obligatoire mais sur une autre parcelle d’après Géoportail. On retrouve le chemin horizontal vers l’Est qui passe entre les carrières inférieures et supérieures de Miomo et aidé par le GPS, après avoir escaladé 2 petits murs et beaucoup débroussaillé ronces et salsepareilles on se retrouve devant l’entrée de la grotte. Celle-ci parait bien étroite, partagée par une concrétion verticale avec un petit ressaut derrière. Ça risque de rebuter ceux du BRGM, d’autant que l’étroiture de la bouteille qui suit n’est pas non plus bien large. On ne s’attarde pas à visiter la grotte ; il est plus de 16 heures ; il faut encore peaufiner le nettoyage du sentier et la nuit va bientôt tomber.

Finalement l’accès a été assez aisé. Beaucoup plus facile que lors de la dernière visite d’après le compte rendu de 2017. Il y a 400 mètres à parcourir en 20 minutes environ. La trace est enregistrée ; plus de problème pour les prochaines visites.

PHP

Samedi 16 octobre 2021 – Spéléo, mini visite – Grotte du Christ Noir, Bastia

Samedi 16 octobre 2021

Spéléo, mini visite

Grotte du Christ Noir, Bastia

Participants

  • ITP : Henri-Pierre F.

Photos

Dans la nuit du 2 au 3 mai 1428, 2 pêcheurs d’anchois, Camugli et Giulani, découvrent au large de Bastia, un crucifix de bois noir, scintillant à la surface de l’eau. La légende veut que la statue, « U Christu Negru » ou crucifix des miracles, ait été placée dans une vaste anfractuosité de la falaise de la citadelle surplombant le Porto Cardo. Elle aurait mystérieusement disparu et aurait été retrouvée, pendue à un arbre dans la citadelle. Une petite chapelle aurait été construite en 1542 sur cet emplacement appartenant à la Basilique Saint Jean de Latran de Rome puis en 1600 l’Oratoire de la Confrérie de la Sainte Croix qui conserve depuis la statue. Tous les 3 mai les Bastiais honorent le Christ Noir des miracles à l’occasion d’une messe en langue corse et d’une bénédiction en mer suivie d’une procession. HP passant en vélo par l’Altilonda et ignorant l’existence de cette grotte aperçoit une plaque en marbre apposée sur la paroi au niveau de la jetée du Dragon la mentionnant. Nonobstant il escalade le premier escalier menant à la place du palais des Doges, franchit un petit portail métallique à l’est du Jardin Romieu et rejoint au bout d’une dizaine de mètres la cavité, large de 6 mètres, profonde de 3 mètres et haute de 2 mètres environ dans son développement maximum. Las le culte a manifestement changé. Fini le Kyrie Eleison et l’encens ; désormais le passant touristeux, atteint la béatitude en venant déposer au milieu des fougères maritimes son offrande odorante à Stercutius, le Dieu Romain des Latrines. Sans doute y était-il révéré du temps de Mantinum, nom de Bastia sous la Rome Antique que quelque lettré de la municipalité a choisi pour ce passage. On sait peu que chaque 8 aout, jour de la Saint Dominique, des pénitents cantabriques et catalans, régalés de glands, de pois et d’oignons crus, viennent pieds nus en procession jouer là une ode sonore et pétaradante en l’honneur du Dieu Crepitus, dieu des pets et de la flatulence, dont les statuettes au ventre ballonné voisinaient celle de Stercutius dans les lieux d’aisance romains.

Haut Lieu de l’histoire bastiaise cette grotte mériterait sans doute une topographie.

PHP

Lexique :

  • Touristeux = atteint de tourista
  • Descalzos = pieds nus en espagnol

Dimanche 3 octobre 2021 – Spéléo, visite, topo – Exurgence de Canarinco, Furiani

Dimanche 3 octobre 2021

Spéléo, prospection

Ex(s)urgence de Canarinco, Furiani

Participants

  • ITP : Albert D., Jean-Noël D., Henri-Pierre F.
  • Gente canine : Nala

Photos

Dans l’euphorie de la redécouverte de la Grotte di Palazzo, la veille, à Erbalunga, lors du pot de fin de sortie de chez Jeannot, Véronique, JN, Albert et HP décident de partir à la recherche de l’Exurgence de Canarinco le lendemain.

Le Monte Canarincu est un massif karstifié de quartzites et de cipolins reposant sur un socle de métagranites et de métagabbros peu perméables qui permettent l’émergence d’une source à sa partie inférieure. Celle-ci n’est pas répertoriée sur la base Infoterre (1).

Visitée en 1998, en 2001 et plus depuis, dite aussi Source du Figuier, cette exsurgence (2) fait partie des mini-grottes mythiques qui reviennent souvent dans les discussions spéléo mais qu’on ne visite jamais.

JN doit faire quelques photos complémentaires pour l’inventaire BRGM. A priori sortie sans trop de problèmes. La cavité est connue, on en a les coordonnées ; une piste répertoriée sur la carte IGN et bien visible sur les photos satellites doit nous amener à 300 m de l’exsurgence.

Rendez-vous à Teghime à 14 h 30. Véronique n’a pu venir cause dressage de Bosco. Nous nous engageons avec le 4×4 de Jean-Noël sur la piste qui passe devant la carrière de Monte Fesso. Juste après la carrière une barrière fermée par un cadenas nous contraint à abandonner le Disco, et à continuer à pied. Nous atteignons rapidement le ranch U Tragulinu ; quelques moutons viennent nous souhaiter la bienvenue ; les chiens font leur travail de gardien et aboient après Nala. Mais 400 m après, les problèmes commencent. La piste n’est plus entretenue, envahie par les fougères et les ronces. On sort donc les sécateurs et on progresse lentement. HP porte Nala qui risque de s’érafler de nouveau les yeux dans les ronces, puis décide de remonter au bout de 500 m. JN et Albert continuent mais atteignent un mur de ronces qui barre le passage. Il reste encore 1 km à parcourir dans le maquis ronceux, ce qui ne semble pas pouvoir être réalisé raisonnablement. Ils rebroussent donc chemin et en remontant tombent sur les nouveaux propriétaires du ranch, pas trop content de notre présence sur un terrain privé clôturé. Explications, le sésame des Topi Pinnuti fait bon office comme d’habitude mais ils demandent à ce qu’on leur téléphone en cas de nouvelle visite. Retour au col à 17 heures.

Choux blanc donc (de Corse bien sûr ou Brassica Insularis, espèce endémique dont les crêtes calcaires de Barbaggio/Teghime sont un des spots les plus importants). On décide de tenter l’approche le weekend prochain par le lapiaz de Canarinco, JN devant de plus compléter la topo d’une cavité du plateau.

PHP

1- BRGM RP-62985-FR décembre 2013 dont Marie G. est un des auteurs
2- L’exurgence semble être un terme utilisé surtout par les spéléologues et suggère une sortie d’eau puissante (du latin urgere = pousser, presser).
L’émergence est un exutoire dont l’origine n’est pas connue.
L’exsurgence (du latin surgere = se lever) est l’exutoire d’écoulements souterrains qui proviennent de l’infiltration des eaux de pluie ou d’un cours d’eau souterrain. Le terme est utilisé par les hydrogéologues.

Dimanche 2 mai 2021 – Spéléo, topo, entomo – Grottes du Chemin des Vignes et de Canta Furmicula, Barbaggio

Dimanche 2 mai 2021

Spéléo, topo, entomo

Grottes du Chemin des Vignes et de Canta Furmicula, Barbaggio

Participants

  • ITP : Wanda C., Jean-Noël D., Henri-Pierre F., Véronique M.
  • Invitées : Myriam L. et ses 2 filles Camille et Claire
  • Gente canine : Nala, Bosco

TPST : 0h45

Photos

Franck et Jean-Claude, lors d’une sortie VTT le 22 Octobre 2020, avaient découvert dans les écailles calcaires de Canta Furmicula une grotte qu’ils avaient nommée grotte du chemin des Vignes. Nous y retournons pour en faire la topo et une recherche entomologique.

Rendez-vous à la cave Orenga vers 13 heures. Myriam et ses 2 filles nous y attendent. Une sortie prise de contact en attendant une initiation à Cast 1.

Il fait beau et chaud, le vent d’Ouest qui souffle fort sur Bastia est ici très amoindri. On s’engage sur la route chaotique qui nous conduit aux écailles de Canta Furmicula (chanter-fourmi), petits reliefs calcaires facilement repérables dans la plaine vinicole. On se gare à proximité d’un rocher d’escalade équipé. 2 grimpeurs nous rejoignent bientôt, suivis de 4 autres dans l’après-midi. Ils connaissent les Topi et sont d’ailleurs demandeurs d’une initiation, mais ne connaissent ni les grottes ni le nom du site.

Nous contournons donc le petit massif par le sud et rejoignons rapidement la grotte.

Vu la description des 2 compères, on avait prévu des gabarits fins : Wanda, Myriam et ses deux filles. Mais je ne pensais tout de même pas que c’était si petit. Les 3 arches, la salle circulaire, la chatière. Les photos sont trompeuses. Mini-mini-grotte donc mais très belle avec un sol lapiazé de blanc.

Les écailles constituent une étroite bande de calcaires d’origine variée avec une série analogue à celle de Tramonti explorée les 24 Février 2021 et 28 février 2021.

Jean-Noël et Wanda font la topo. Ça queute au bout de 3 mètres, avec un espoir de prolongement après désobstruction. Le calcaire est profond : 77 m. Si ça va au fond ce serait la troisième grotte la plus profonde de Corse.

Pas de CS ce jour mais du guano ; la grotte est totalement sèche, quelques araignées (meta burneti et autres) ; des ossements de rongeurs ; un rat crevé récemment. Des crottes variées de petite taille (1).

Le propriétaire qui nous a entendu, nous rejoint. Nous nous présentons et expliquons notre présence. Il est rassuré car il connait les Topi, mais nous demande de le prévenir en cas de prochaines visites. Puis il nous guide vers « LA » fameuse Grotte de Canta Furmicula qui se trouve juste à côté de sa villa. C’est plutôt un abri sous roche, dont le sommet est percé d’une cheminée, et auquel on accède par une échelle et une courte escalade. Au pied du rocher un départ de cavité semblable aux 2 précédentes mais qui s’arrête immédiatement.

Forsyth Major, botaniste, paléontologue et zoologue suisse, qui a prospecté la grotte à la fin du XIXe siècle, y a trouvé des ossements de mammifères : mulot, rat, prolagus, chien, renard, porc, homme, …, conservés au Musée de Bâle

L’endroit est très agréable. Calme, entouré de vignes, à l’abri du vent d’ouest grâce au Mont San Angelo et au relief des écailles de Canta Furmicula. Un petit paradis.

On poursuit l’exploration vers un relief à 350 mètres au Sud qui marque la fin de la fine bande des écailles sur la carte géologique. Pas de découverte nouvelle.

Au Nord on aperçoit l’hexaèdre de Tozza et on comprend pourquoi un château y était installé dominant la plaine. À l’est SuterrattaDucati et le captage de Fontenette. A l’ouest la croix du San Angelo. Au sud se trouve Campo Vallone. Minera et la mine de plomb argentifère de Prato sont à côté.

L’exégèse attentive du Rémy nous a donc permis de retrouver la grotte de Canta Furmicula. Reste celles du moulin de Brietta et de Fontaneddu. Le triangle d’or. On dirait du Maurice Leblanc. D’ici à ce qu’on découvre le trésor des moines de San Giorgio. Mais le véritable trésor, celui dont la découverte conclue chaque sortie spéléo, celui dont on dit qu’il est la caverne de l’âme. C’est le produit divin du vignoble de Patrimonio. A boire bien sûr avec modération.

À ce propos je propose comme prochain camp le site de Cricova en Moldavie : 60 km de galeries remplies de bouteilles de vin (2). Youri Gagarine s’y serait perdu (3).

(1) https://atlasmam.fauneauvergnerhonealpes.org/wp-content/uploads/2017/12/Guide-illustr%C3%A9-des-crottes-de-mammif%C3%A8res.pdf

(2) Découvrez Grottes et cavernes à Cracovie : https://www.instinct-voyageur.fr/moldavie-cricova-ou-la-plus-grande-cave-a-vin-du-monde/

(3) https://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/ce-vin-francais-enfoui-dans-le-tresor-nazi-de-goring_1748028.html

PHP