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Mardi 2 décembre 2025 — Trou de la Barre / Grotte des Cordonniers — Trassanel (11)

Mardi 2 décembre 2025
Spéléo, désob’, visite
Trou de la Barre / Grotte des Cordonniers, Trassanel (11)

Participants
ITP / SCM / GPS : Jean-Noël D.
Gruissan Prospection Spéléo : Jean-Marie B., André M.
Autonome : Daniel M.
Gente canine : Bosco

TPST : une heure

Tiens si on revenait aux fondamentaux, la désob ! Lors des fouilles archéozoologiques au Trou de la Marmite, Cédric le scientifique avait suggéré que le crâne de lion trouvé au fond de la cavité et daté de plus de 50 000 ans y était arrivé par une autre voie que la simple gravité. Or une cavité située à quelques centaines de mètres en amont du sentier et située plus bas, au même niveau que le fond de la Marmite, pourrait être cette porte d’entrée. Le dénommé Trou de la Barre – situé à flanc de vallon, au pied d’une petite barre rocheuse – se présente comme un porche d’environ 6 m de diamètre, quasiment comblé par de la terre quand notre ami Daniel avait commencé à le creuser.

Gros travail de terrassement pour obtenir une galerie terreuse de 5-6 m se terminant dans une petite salle dont le fond est entièrement obturé par une coulée de calcite. Aucun courant d’air ! Un boyau étroit de 1 m part en partie supérieure mais pas d’air. Les tentatives de microfracturation ayant produit peu de résultat, il a fait appel à Jean-Marie et André pour des moyens plus costauds.

Une heure de route puis une sympathique balade de 20 mn qui emprunte le sentier d’accès à la Marmite puis on oblique en contrebas sur le versant gauche du ruisseau de Matte Arnaude. Bosco est heureux de gambader dans la montagne. Pour ma part j’ai récupéré de mes fracas de samedi dernier.

Les copains sont en plein boulot, malheureusement les moyens costauds ne seront pas plus efficaces malgré la puissance de la détonation qui a dû réveiller tous les habitants de Trassanel ! On creuse quand même au niveau du boyau mais quelques gamates de terre plus tard, JM baisse les bras. Peu d’espoir. Daniel y croit toujours et va rester attaquer le bas de la coulée au marteau-burineur…

Il est midi trente, notre trio casse la croûte puis décide d’aller visiter la Grotte des Cordonniers, qu’ils ne connaissent pas, et qui se situe juste en face de l’autre côté du vallon. Mais pour cela il faut descendre dans le lit à sec du ruisseau de Matte Arnaude puis remonter dans le bartas. Heureusement c’est un bartas assez clairsemé mais la progression n’est pas si simple car le terrain est constitué de dalles un peu glissantes et de pierriers calcaires qui roulent sous les chaussures.

Nous trouvons finalement la grotte, belle entrée de 4×4 m au pied d’une avancée rocheuse et entourée d’un bosquet de chênes-verts. L’entrée ogivale se resserre rapidement mais ça passe, seconde étroiture c’est bon mais un petit rhino est au milieu du plafond, ainsi que de belles Meta. Troisième rétrécissement, pas plus étroit mais avec un becquet sur lequel bute mon « large » thorax. Aucune envie de galérer je rebrousse chemin. D’autant plus que Bosco qui voulait me suivre a dû être attaché et qu’il aboie et gémit… Il y a bien un autre passage pour une autre partie de la grotte mais le repos au soleil avec le chien cela a du bon.

Les copains ressortent de la première galerie, qui a peu d’intérêt, pour aller se balader dans la seconde partie. Plus intéressante avec de belles coulées mais leur progression s’arrêtera assez vite, il faut au moins une ceinture et des longes pour passer une vire exposée et puis c’est un peu labyrinthique. En les attendant j’ai découvert sur le net une vidéo de la visite de la cavité par le SCA, j’en ai vu plus qu’eux ! L’e-spéléo est en marche.
https://www.youtube.com/watch?v=iDZPMCuqffo

Pour le retour on décide de grimper directement sur la crête, ce qui devrait nous amener au col mais ce fut quand même un peu ardu, pentu avec dalles et pierriers.

Retour facile ensuite aux voitures en 10 mn, il est 15 h 30.

JND

Vendredi 14 novembre 2025 — Carrières de Caumont — Caumont (76)

Vendredi 14 au Dimanche 16 novembre 2025
Spéléo, visite
Carrières de Caumont, Caumont (76)

Participants
ITP / Spéléo Corbières Minervois / GPS : Jean-Noël D.
FFS : David B. et Alizée, YY et XX

TPST : deux heures

Cette fois, la réunion du Conseil d’administration de la FFS va se faire en présentiel. Lieu ; près de Rouen, en Normandie ! C’est pas très karstique cette région ! Et en plus un peu éloignée des résidences de la plupart des administrateurs. Oui mais depuis que Paul Rabelle, président du CSR J Normandie fait le forcing pour qu’un évènement fédéral se déroule près de chez lui, il a eu gain de cause. Pour une fois il n’aura que 20 km de déplacement et non pas 6 à 700 bornes pour aller à Lyon. Le Journées d’Études des Écoles (EFS, EFC, EFPS) se dérouleront également au même endroit.

Mais venant du fin fond du sud de la France, soit environ 900 km, il me faudra au moins deux jours pour y arriver – heureusement j’ai pu faire une halte familiale dans la région tourangelle. Donc arrivée le vendredi en début d’après-midi. Le site – base de loisirs de Léry-Poses – se trouve à 20 km au sud de Rouen. Anciennes gravières aménagées en lac, très bucolique et verdoyant. Peu de monde hormis Paul et Fabienne sa femme, Le président David est déjà parti pour les carrières mais avec un arrêt à Décathlon – on est tous les mêmes…

Il ne répond pas mais je file sur place, bien renseigné par Paul, on verra bien. Une demi-heure plus tard – environ 30 bornes – me voilà devant la falaise de Caumont en bord de Seine. J’attendrai une petit quart d’heure pour voir arriver David et sa petite équipe, de jeunes spéléos. Equipement – light – en bord de route, sous un beau soleil d’automne et nous voilà entrés chez nous : la parcelle de la grotte des Maquisards et la grotte du Pylône ont en effet été acquis par la FFS en 2019, toutes les autres entrées des Grandes Carrières sont en effet sur des propriétés privées et cela posait quelques difficultés aux spéléos locaux. Heureusement un passage bas dit de l’Enflure (un spéléo du coin un peu « barge » et peu cachotier, avait désobé tout seul une chatière sans en informer les copains…) permet de rejoindre les grands réseaux.

C’est parti pour une visite dans du grand, grand… Grâce à la topo fournie par Paul on découvrira tous les trésors de ces carrières, entre autres la Rivière des Robots, les lacs, les cheminées et l’usine allemande pour finir dans la Galerie de la Luxure. Ils ont de l’imagination ces normands.

La meilleure description des lieux a été écrite par Paul dans un Spelunca N°161 de 2021, laissons lui le clavier :

« La Normandie, de par ses plateaux et ses aquifères karstiques, la vallée de la Seine et la côte crayeuse d’Albâtre, constitue la vitrine naturelle du karst de la craie en Europe. Au cours du Quaternaire, le karst normand, formé de vallées et de dépressions en surface ou sous les rochers et sédiments cénozoïques, ainsi que de grottes actives et fossiles, a subi des modifications géomorphologiques, environnementales et anthropiques. Ce triple impact sur le karst normand est visible dans plusieurs cavités souterraines notamment les carrières-grottes de Caumont (le Mont Chauve).
Le système de carrières-grottes de Caumont (département de l’Eure) constitue 14 km de carrières souterraines trépanant 4,5 km de conduits naturels documentés et partiellement remplis de dépôts fluviaux, de spéléothèmes et autres. Ce plus grand système souterrain en Normandie abrite à la fois des carrières exploitées jusqu’au xxe siècle et un réseau naturel de plus de 4 km de développement. Depuis l’achat des deux carrières des Maquisards et du Pylône par la FFS en 2019, l’accès y est alors plus structuré, permettant ainsi la mise sur pied de plusieurs nouveaux projets d’exploration et de recherche scientifique.
Les assises de craie au-dessus des galeries creusées mesurent jusqu’à 120 m d’épaisseur. Les carrières comprennent plusieurs ensembles de galeries dont les treize entrées principales sont privées dont deux fédérales qui s’ouvrent vers la vallée de la Seine. La plus grande des carrières est celle des Grandes Carrières de Caumont avec un développement cartographié de 10,4 km et qui s’étend sur une superficie estimée de 171 000 m2, tandis qu’au nord, la Carrière de la Jacqueline mesure 0,4 km de longueur et 7 000 m2 de surface. D’autres carrières privées comme celle de la Carrière du Consul restent fermées au public. Les galeries de la Carrière des Maquisards s’étendent sur 1,6 km de longueur et couvrent 61 000 m2 alors que celles du Pylône s’étendent sur 1,6 km de développement et couvrent 58 000 m2 de superficie.
Utilisée principalement comme pierre à bâtir, l’exploitation de la roche dite pierre de Caumont ou craie de Caumont est documentée à partir de l’époque médiévale (xiiie siècle), mais est probablement antérieure. Elle s’est principalement développée à partir du xvie siècle et a connu son plein essor du xviie au xixe siècle. À partir du début du xxe siècle, l’exploitation de la pierre de taille décroît et s’arrête définitivement peu après la Première Guerre mondiale. La pierre de Caumont est une craie du Coniacien, c’est-à-dire un calcaire formé de fragments microscopiques (<20 μm) de coccolithes. Cette craie se caractérise en particulier par la présence de 10-45 % de pores rhomboédriques évidés (20-200 μm), qui sont dérivés de la dissolution de cristaux de dolomite formés après la sédimentation carbonatée. Pourtant, la pierre de Caumont est une roche relativement légère avec une résistance à la compression adéquate. Ces caractéristiques expliquent l’utilisation massive de cette roche à travers les siècles, même si son principal problème est la facilité de pénétration d’eau dans la roche provoquant sa détérioration rapide en comparaison avec d’autres pierres à bâtir, notamment celles de Caen ou de Paris.
Au milieu du xxe siècle, les Grandes Carrières de Caumont connurent d’autres usages. Par exemple, les vestiges d’une usine allemande, construite entre 1943 et 1944 pendant la Seconde Guerre mondiale, longent actuellement une galerie. Il s’agit d’un ouvrage en béton de type bunker s’étendant sur 300 m de long. Ce bâtiment était destiné à la fabrication d’oxygène liquide, gaz initialement prévu comme carburant pour les fusées V2. La construction de cette usine n’a pas été achevée et les objectifs liés à sa construction n’ont jamais été atteints. Après la Seconde Guerre mondiale, une champignonnière dans les Grandes Carrières fut implantée en 1962, au sud de l’usine allemande. Son activité ne dura que quelques années. Actuellement, cet espace souterrain sert à des activités d’exploration et d’initiation à la spéléologie.
L’exploration des galeries naturelles, dites grottes dans le sens spéléologique du terme, remonte aux premières activités d’exploitation des carrières de Caumont. Les carriers découvrent les galeries naturelles remplies de sédiments au fur et à mesure de l’avancement du front de taille depuis la Seine vers le plateau crayeux. Par endroits, les conduits naturels sont très éloignés des entrées de la carrière. Dans d’autres, ils accompagnent le développement des galeries d’accès (ex., le réseau de la Jacqueline). Il est possible que les carriers aient utilisé les drains (naturels) karstiques pour faciliter la découverte de la pierre d’une qualité exceptionnelle pour la construction. Il faut attendre la visite d’Édouard-Alfred Martel à la fin du xixe siècle pour voir publier les premières descriptions spéléologiques du système de Caumont, accompagnées d’un plan du réseau de la Jacqueline.
Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale que les premières études de certaines galeries du réseau naturel (exemple, rivière des Robots ou rivière Blanche, grottes de la Jacqueline, Pylône, galerie du TCF, Grande Faille, salle du Chaos et de la Couronne) furent entamées. À partir de 1965, plusieurs clubs spéléologiques de la région se lancent dans l’exploration du reste des galeries naturelles de Caumont, surtout les remontées systématiques des cheminées grâce à une technique spécifique d’escalade. Ces découvertes mettent ainsi au jour les galeries fossiles supérieures du plus grand réseau souterrain naturel du Bassin de Paris. S’ajoutent à ces explorations verticales, de nouveaux essais de plongée dans le siphon de la rivière des Robots, au-delà de la voûte mouillante, afin de prolonger son exploration. De 1970 à 1980, plusieurs essais de plongée menés d’abord par le Spéléo-club de Rouen et ensuite par les équipes de spéléo-plongeurs de Paris, explorent quelques siphons liés à la zone noyée de ce système, dont le siphon Michel qui se prolonge sur 930 m de conduits noyés. En 1990, de nouvelles explorations en plongée souterraine dans la branche noyée du système effectué par le club BREN prolongent le développement du siphon Michel jusqu’à 970 m. D’autres types d’explorations ont accompagné les découvertes des conduits noyés du système de Caumont, notamment des travaux de désobstruction dans les galeries naturelles en évacuant une partie de leurs propres dépôts et rendant ainsi leur accès plus confortable pour les équipes spéléologiques.
Plusieurs chantiers de désobstruction ont été conduits pour connecter les carrières entre elles comme celle de la liaison entre la carrière des Maquisards et les Grandes Carrières de Caumont. D’autres travaux de désobstruction sont toujours en cours afin de compléter les explorations des niveaux supérieurs.
(…) »*

Deux heures plus tard, sortie à la nuit tombante et retour à la base pour le premier apéro. Samedi et dimanche seront bien chargés en discussions et échanges.
Un weekend très sympathique.

JND

* Paul Rabelle, Carole Nehme, Daniel Ballesteros, Damase Mouralis et Aude Paichault, Les carrières-grottes de Caumont revisitées (Normandie), Spelunca N°161, 2021

Dimanche 9 novembre 2025 – Mine de Bauxite de Tourves-Mazaugues – Mazaugues (83)

Dimanche 9 novembre 2025
Spéléo, visite
Mine de Bauxite de Tourves — Mazaugues (84) —
ITP / Spéléo Corbières Minervois / GPS : Jean-Noël D.
CoMed :11 participants
CDS83 : Guillaume C., Doriane D.-F., Éric D.

TPST : deux heures

Cette année, pas de cavités avec plein de spéléothèmes au programme – pourtant elles ne manquent pas dans le Var –, ce sera une visite de mine : les mines de bauxite de Tourves / Mazaugues.

Nous serons pilotés par Éric D. que l’on remercie pour ses commentaires instructifs sur l’exploitation de la bauxite ainsi que les spéléos du CDS83, Doriane D.-F. et Guillaume C. pour leur accompagnement fort sympathique.

Avant tout, quelques explications géologiques fournies par Dominique Blet :

La bauxite est une roche sédimentaire découverte en 1821 aux Baux de Provence dont elle tire le nom. Le terme bauxite désigne en fait un ensemble de roches riches en oxydes et hydroxydes d’aluminium mais dont la composition varie et dont la teneur en silice (résiduelle) conditionne son usage en tant que minerai d’alumine. D’autres oxydes métalliques sont présents dans la roche tels que le titane ou le gallium lui aussi exploité tandis que les oxydes de fer sont éliminés.

La mine de Mazaugues est située au sein d’une bande sédimentaire qui s’étend sur 14 km d’Est en Ouest, logée entre les calcaires à rudistes du Coniacien (-88 Ma) du Crétacé supérieur au Sud et les calcaires blancs du Tithonien (-150 Ma) dernier étage du Jurassique supérieur au Nord.Le gisement de bauxite de la mine de Mazaugues repose sur les calcaires karstifiés du Valanginien (-135 Ma) et sont surmontés par les calcaires noirs du Turonien que nous avons pu observer au plafond des couloirs de la mine.

Le gisement est important et a donné lieu à plusieurs exploitations minières – Mazaugues et Vautruite – ou à ciel ouvert – Equireuil. La mine de Mazaugues a cessé d’être exploitée en 1980. Le minerai était traité par l’usine Altéo de Gardanne qui utilise maintenant le minerai en provenance de Guinée via le port de Marseille. Le procédé d’extraction du minerai d’aluminium – procédé Bayer – consiste à séparer à haute température les oxydes de fer et d’aluminium. Les oxydes de fer sont éliminés par lessivage et donnaient les fameuses « boues rouges » évacuées vers les fosses marines au large de Marseille. Depuis 2013 cette pollution a cessé par retraitement des eaux delessivage et récupération des déchets eux-mêmes exploités. Les oxydes d’aluminium débarrassés des autres oxydes métalliques prennent le nom d’alumine qui est blanche. Ils sont alors traités par électrolyse pour produire le métal aluminium.

Origine de la bauxite
La bauxite de Provence s’est formée au Crétacé qui était, pour ce qui deviendra cette région, enclimat tropical. Il y a eu altération des roches magmatiques du massif hercynien et hydrolyse des feldspaths (série albite-anorthite) conduisant dans un premier temps à la formation d’argile (kaolinite) puis le climat chaud et très humide a permis la poursuite de l’hydrolyse de l’argile formée conduisant au lessivage des ions solubles et à la ségrégation des minéraux insolubles – les hydroxydes métalliques (fer, aluminium, gallium et titane). Les hydroxydes insolubles sont alors transportés (par gravitation et transport fluviatile) dans les zones en creux déjà existantes, bassins et paléo karst. La présence dans la mine de puits et salles d’originekarstique explorées par nos amis spéléologues atteste du rôle du paléo karst en tantque lieu de sédimentation. Les mines de fer du plateau de Lacamp dans l’Aude relèvent du même processus sédimentaire. Il n’est donc pas étonnant que la bauxite repose sur les calcaires karstifiés du Valanginien qui est le deuxième étage du Crétacé.

Les roches prélevées dans la mine de Mazaugues
La bauxite tigrée est un bel assemblage de nodules rougeâtres (pisolites ferrugineux) ou blancs (aluminium) dans une gangue de silice. Les carbonates sont absents.

La roche noire du turonien est un mélange complexe de calcaire, de débris végétaux noirs qui teintent l’ensemble bien que peu abondants et surtout d’éléments silicatés abondants (sable) correspondant très certainement à une série fluvio-lacustre.

Cette superposition de strates est très visible sur la photo ci-contre. Le calcaire turonien, très foncé, apparait au plafond.

Dominique B.

Dimanche matin, neuf heures, départ de la tribu CoMed pour retrouver nos guides,directionensuite Mazaugues à une cinquantaine de kilomètres au nord de Toulon. Une courte piste et on stationne devant le portail de l’usine abandonnée de Trouves / Mazaugues. Équipement léger, casque et combi suffiront. Une fois le portail franchi, la matche d’approche sera de cinq minutes, en terrain plat. Nous voilà devant l’entrée blindée de la descenderie. Pour des raisons de sécurité, le site est bien protégé.

On descend dans un tunnel relativement large de 2-3 m, avec une hauteur sous plafond de même dimension et en pente régulière. Le filon rouge de bauxite est bien visible

 

 

 

 

Quelques centaines de mètres plus loin, la progression devient horizontale, la section des galeries rectilignes est identique. Sur le mur, un peu plus loin, c’est le tableau des jetons de recette, les travailleurs pointaient tous les jours. S’il en manquait un le soir, c’est qu’un mineur était toujours au fond.

On découvre une voie unique, un rail noyé dans le sol rouge boueux. On le suit sur plusieurs centaines de mètres, toujours dans le tunnel, puis un aiguillage donne naissance à une deuxième voie parallèle. Un peu plus loin encore une bretelle de raccordement entre les deux voies.

On peut observer des strates de bauxite d’une cinquantaine de centimètres d’épaisseur.

Nous voilà à l’espace qui servait de dépôt, embranché sur la voie principale et où est encore en place un locotracteur.

Descente dans une galerie perpendiculaire avec pente plus importante, la traction des berlines se faisait par un treuil situé dans un renfoncement en haut de la galerie.

En bas une série de cavités supportée par des piliers donne à voir plusieurs chantiers desservis soit par des sauterelles, soit par des plaques tournantes ou encore des aiguillages.

En certains endroits, il faut mieux éviter de lever les yeux au plafond…

Au fond d’une galerie, un wagonnet abandonné, qui devait servir à acheminer les rails au fond de taille.

Des empilements de rails sont encore en place sur une hauteur de 1 m.

Fin de la galerie, nous ne pouvons aller plus loin car l’eau affleure. La galerie disparaît sous l’eau.

Au retour, on découvre une berline bien pliée, sans doute victime d’un éboulis, de multiples effondrements dû aux infiltrations ont été observés.

Balade ensuite dans des galeries de bien plus grandes dimensions, sites d’extraction plus récents, des engins pouvaient y circuler. Le plafond est conforté par des boulons.

Poursuite des déambulations, la galerie est fermée par une paroi métallique avec un soupirail en son point bas. Ce serait une banale étroiture à franchir car derrière cela continue, mais la suite est en partie inondée. L’endroit est idéal pour la photo de groupe.

Nos guides nous mènent vers une galerie ressemblant plus à un boyau de spéléo, qui permet l’accès à son extrémité à une vraie grotte ; une coulée stalagmitique, quelques ressauts, un vrai puits de 10 m et une suite… Sniff, on n’est pas équipés.

Voilà le temps du retour, TPST au moins deux heures. On retrouve le soleil, nos guides doivent nous quitter pour cause d’obligations familiales. Ils nous indiquent un site idéal pour aller pique-niquer : le Saut du Cabri dans les gorges du Caramy, à quelques kilomètres.

Bien restaurés, on se concerte pour trouver une petite rando pour éliminer ces agapes. JP propose le monastère et la grotte de Marie Madeleine, haut-lieu touristique de la Sainte Baume ; ce n’est qu’à quelques kilomètres. Mais plus on s’approche, plus la densité de véhicules en stationnement s’accroit. Au départ du sentier ce sont plusieurs centaines de véhicules qui sont garées ! Pas question d’aller grimper avec cette foule.

Brigitte trouve un plan B, une boucle de 7 km pour aller découvrir la source l’Huveaune ou résurgence de la rivière de la Castellette – la grotte éponyme se situant juste au-dessus. Mais vu l’heure un peu tardive – il est 15 h 30 – on se contentera d’un aller-retour, qui fera quand même 6,97 km avec 270 m de dénivelé (sans être un calvaire, le Chemin des Roys, qui suit l’itinéraire que les rois de France, les reines, les papes et les pèlerins empruntaient dans leur pèlerinage vers la grotte Marie Madeleine, est une belle grimpette…) pour deux heures de rando, on rentrera juste à la nuit tombante. On aura pu admirer les tufs calcaires créés par la rivière qui a traversé la grotte. Les plus courageux ont poussé jusqu’à la Grotte du Moulin quelques dizaines de mètres plus haut.

Un beau résumé en images : https://www.youtube.com/watch?v=5cdD7BL7VZE

Le lendemain soir, pour clôturer ces superbes journées, balade sur le chemin côtier de Saint-Mandrier. Toujours à la nuit tombante ce qui nous a permis d’admirer un magnifique coucher de soleil.

JND

Mercredi 22 octobre 2025 – Réseau de Balbonne – Caunes-Minervois (11)

Mercredi 22 octobre 2025
Spéléo, visite, équipement scientifique
Réseau de Balbonne (https://ffspeleo.fr/balbonne.html), Caunes-Minervois

Participants
ITP / SCM / GPS : Jean-Noël D.
Gruissan Prospection Spéléo : Jean-Marie et Pierre B., Claire .
Spéléo Corbières Minervois : Christophe B., Michel N.
InvitÉ(E)s : Chloé, XX

TPST : sept heures

Balbonne, un moins 207, est le joyau des cavités de la Montagne Noire. Entre sa découverte en 2017 et décembre 2021, plus de 50 sorties sont nécessaires pour agrandir les conduits jusqu’à une profondeur de 35 m. Le passage est alors possible et permet la découverte d’une cavité fantastique. Dans l’année 2022, près de 2 km de galeries sont explorés et la profondeur de 207 m atteinte. Les explorations sont toujours en cours.

Le CDS 11 a reçu il y a quelques mois une subvention du Fonds Vert – 67 000 € ! – permettant la protection et la mise en valeur de plusieurs cavités de la Montagne Noire, dont Balbonne. Les visites sont possibles mais en nombre limité, tant en fréquentation qu’en nombre de visiteurs, et encadrées par un membre du club découvreur, le SCM en l’occurrence.

Ce fut ma première sortie spéléo locale le 30 mars 2023, mais c’était une sortie désob’ et on s’était arrêté en haut du premier puits à la côte -30. Les sorties qui devaient suivre avaient été reportées car la cavité avait subi un pillage de concrétions. Depuis il y a double porte blindée, caméra de surveillance avec alarme.

Une « sortie senior… » était envisagée depuis plusieurs mois mais ces seniors retraités étant souvent débordés… elle était sans cesse reportée et tenait plutôt de l’Arlésienne. Profitant du projet d’installation de stations météo par Christophe j’ai sauté sur l’occasion pour lui proposer de l’accompagner, ce qui a fait le bonheur de Jean-Marie qui attendait ce moment depuis si longtemps (n’étant pas au SCM mais au GPS, il ne faisait pas partie des visiteurs prioritaires…). Il sera accompagné de Claire, sa compagne et membre de la CoMed et de leur fils Pierre.

Regroupement au parking du hameau de Castanviels, équipement et direction l’entrée qui se trouve à quelques centaines de mètres par un agréable sentier forestier longeant le ruisseau de Balbonne. La première équipe composée de Michel du SCM et de ses deux invitées partira devant. Notre palanquée se composera de Stoche que je suivrai, puis Pierre, Claire et Jean-Marie qui assurera les arrières.

Je ne me souvenais pas que la trémie d’entrée était aussi craignos, certes bien sécurisée mais parfois plus de pieds-droits que de cailloux qui pendouillent un peu partout attendant le moment propice pour se détacher. Succession de ressauts pas bien larges, bien équipés en barreaux, nous voilà rapidement à -35 dans la première salle du réseau, enfin un élargissement…

Voilà le premier puits d’une quinzaine de mètres. Puits en faille, qui a eu le bon goût – bien que pas très large – de laisser le passage sans avoir besoin d’être agrandie. Une dèv’, un fractio, un peu de plein pot et c’est le bas sur des blocs. Encore de la faille verticale sous un monceau de blocs retenus par des chaines… Poursuite en bas de faille en MC, vraiment pas large, je commence à m’inquiéter pour la remontée… il y a quand même de bonnes prises pour les pieds. Une dernière étroiture (passage bas en bombé). Et nous arrivons à -100 sur ce qui ressemble à une galerie.

Ce sera le premier endroit où Stoche a prévu de mettre en place une station météo. Assemblage de tubes PVC supportant un enregistreur des paramètres suivants : température, CO2, hygrométrie et pression atmosphérique, et ce toutes les heures. Autonomie de plusieurs mois de batterie, les valeurs seront relevées lors des prochaines visites.

Surprenant, on est à -100 et apparemment sans connexion proche avec la surface et il y a des griffures de loir sur la paroi… Cela ressemble fort aux griffures de Be Good.

Une vingtaine de minutes plus tard nous repartons, cela a permis de recharger nos batteries personnelles.

Sur la droite, un puits d’une soixantaine de mètres permet d’accéder au réseau inférieur qui descend à -207 et où les travaux de désob’ se poursuivent.

Nous continuerons tout droit où derrière un point bas la galerie s’élargitet offre un beau panneau d’aragonite. Pas mal, mais ce n’est que le début. La galerie se poursuit, terreuse. Plafond de schistouille marron, parois en plaquettes de solidité douteuse. Puis un passage à 90° en vire qualifiée de « péteuse »par Jean-Marie, c’est en effet un peu chaud, gros vide de 10-15 m sous les fesses il faut avoir confiance en la corde et dans les amarrages. Bravo aux équipeurs en première !

Un dernier ressaut et une nouvelle galerie beaucoup plus grande – au moins 30×20 m – mais toujours terreuse. Surprenant car on est en plein dans les schistes et certains endroits sont déjà tapissés d’aragonites. La suite descend en plan incliné, parfois toboggan, sur une centaine de mètres pour se terminer dans des petites salles boueuses, avec des traces de mise en charge. Rien de vraiment transcendant… Mais… on approche du Trésor de Balbonne : les deux galerie supérieures remplies d’aragonites : la Sapinière et la Galerie Olala.

Lors des explos l’accès s’est fait en escalade puis à la corde mais en vue des futures visites encadrées et des explos scientifiques programmées, des échelles en inox ont été installées. Ce ne fut d’ailleurs pas une mince affaire de les amener jusqu’ici en pièces détachées – quand on se souvient de la trémie d’entrée ! Point bas de la visite, environ -130 m.

Mais avant de grimper ces deux tirées de 2×10 m, il faut se désaper, enlever les combis et conserver ceinture ou baudard et longes. Mesure de protection vis-à-vis des trésors blancs qui nous attendent. La place n’est pas bien grande, une plate-forme en dalles de 2-3 m2, surtout qu’on croise la première équipe qui en revient.

Nous voilà dans ces galeries supérieures. La Sapinière en premier puis la Galerie Olala qui lui fait face. Parois et plafond de calcaires noirs, gris et schistes mêlés. Et ce concrétionnement ! ! Les sapinières, certes, infotographiables sans éclairage adéquat. Mais aussi tout le reste. Cristaux d’une incroyable finesse, baguettes ocres avec à leurs extrémités des explosions d’aragonite transparente, lustres… La progression est prudente, sentier marqué par la rubalise, pas question de s’étaler. Les yeux plein d’étoiles scintillantes il faut songer au retour. Difficile, on y resterait des heures.

Stoche installera sa seconde station au fond de Olala et on redescend. Le repas est pris en haut du plan incliné. Remontée tranquille, Jean-Marie prendra la tête de la palanquée, suivie de Claire que je ne lâcherai pas d’un pouce pour bénéficier de leurs conseils.

Vire et faille se passeront finalement sans difficultés mais les derniers trente mètres de la trémie d’entrée seront assez cassants. Certes les ressauts sont équipés de barreaux mais avec la fatigue, jambes et bras ont perdu un peu de force. La sortie au soleil sera bien agréable. Au total une heure de descente et deux heures de remontée.

Comme d’hab’, une fois sorti, on se dit qu’on ne ferait pas ça tous les dimanches, mais quand on revoit les photos on a envie d’y retourner… Il est certain que, connaissant la configuration des lieux et la meilleure façon de passer les quelques difficultés il y aura moins d’appréhension. Quelques crampes le soir et la journée qui a suivi a été vraiment très tranquille !

« Quand on plus de 60 ans et qu’on se réveille le matin dans avoir mal quelque part, c’est qu’on est mort ! »

Bernard Blier

Encore bravo aux désobeurs pour leur opiniâtreté ! ! Leurs compte rendus de sorties sont sur le site du SCM, onglet Balbonne (https ://exploscm.canalblog.com/main-tag/balbonne).

JND

Mercredi 20 août 2025 – Trou des Vents d’Anges – Caunes-Minervois (11)

Mercredi 20 août 2025
Spéléo, visite
Trou des Vents d’Anges — Caunes Minervois (11) —

Participants
ITP :
Albert D.
ITP/Spéléo Corbières Minervois/GPS : Jean-Noël D.
Gruissan Prospection Spéléo : Jean-Marie B.
Invités GPS : Cal, Amp

TPST : quatre heures

De retour de l’Abbaye de Sylvanes pour son traditionnel stage de chant, Albert sera notre invité pour quelques jours. La semaine est riche en projets spéléos. À peine arrivé depuis mardi Albert est embarqué pour une grosse sortie au trou des VDA (les Vents d’Anges), un moins 324 m… Jean-Marie a proposé cette sortie car il reçoit deux grosses pointures spéléos, compagnons de ses aventures en Thaïlande ; Cal, anglais, et Amp, thaïlandaise. Connaissant bien Albert – sortie mémorable en 2015 à St Vallier-de-Thiey pour la traversée Moustiques-Nrelhac) il s’est dit qu’avec dix ans de plus il fallait être raisonnable, d’où deux projets : le départ de l’actif à moins 125 et la Salle des Tuniques Bleues pour les costauds à moins 250.

Pour ma part c’est la première sortie spéléo d’« envergure » depuis un an ; la spéléo ici c’est surtout de la désob’. Je connais un peu les VDA pour y être allé avec la CoMed en novembre 2023 mais je me souvenais que la progression était un peu labyrinthique dans la très grande salle, allais-je retrouver le chemin du retour ?

RDV prévu au café à Villeneuve-de-Minervois à 9 heures avec Kinou le président du CDS 11 pour obtenir la clé, car comme beaucoup de grandes cavités, une porte ferme l’entrée des VDA. Départ de Canet, parcours de 45 mn prévu, et au bout de 20 km, regardant le compteur, je m’aperçois qu’on est en avance d’une heure, planté ! Réveillé trop tôt, j’avais programmé le rdv pour 8 heures…

Sur place on en profite avec Albert pour faire le tour du village avec ses ruelles, château et églises médiévales. Puis on retrouve nos amis à l’heure convenue. Kinou me rassure, la cavité est équipée de nombreux catadioptres, tant à l’aller qu’au retour, il ne devrait pas y avoir de difficulté.

Direction la piste forestière qui mène à Castanviels, habillage, il a plu et les frondaisons sont humides et le temps frisquet. La montée dans la forêt nous réchauffe et une vingtaine de minutes plus tard, nous voilà à l’entrée – cela m’a semblé bien plus court qu’en 2023.

Jean-Marie part devant suivi d’Albert qu’il surveillera comme le lait sur le feu, puis les deux amis de JM et je ferme la marche en mémorisant du mieux que possible les changements de direction. Les catadioptres sont bien là, cela devrait aller. Finalement l’aller jusqu’à -125 se passera bien, tranquillou, bien que JM ait eu besoin d’avoir un œil en permanence sur les longes d’Albert. En parlant de longes je ne me souvenais plus du nombre important de vires à passer, la cavité est bien sécurisée.

Nous voilà à -125 en bas du couloir qui mène au P7 de l’actif. JM est déjà en bas et Albert aimerait bien descendre. STOP ! il faut songer à remonter. Déjà le demi-tour est compliqué car notre ami A… s’enquille dans un passage en sifflet entre deux piliers… il a fallu le tirer ! M’étant arrêté à ce niveau en 2023, je me lance dans le P7, belle descente contre paroi et on prend pied dans l’actif. Ambiance aquatique. Cal et Amp suivent dans problèmes. Devant moi le canyon qui mène à la Salle du Sable, je les laisse partir avec un brin de regret, mais Albert ne sortirait jamais seul…

Remontée du P7, un peu pénible car j’ai oublié le pantin°. Retrouvailles d’Albert et on remonte jusqu’en haut du couloir, à l’entrée de la Salle du CPE pour une pause casse-croûte sous les aragonites. Une fois rassasiés, on sortira en deux heures. Jean-Marie, pour être sûr qu’on ne s’égare pas m’avait confié un carnet avec la recommandation de laisser une feuille avec l’heure de passage en certains points clés. Bonne initiative. Finalement hormis quelques hésitations et une remontée du P6 un peu « chaude » pour Albert, le retour s’est passé sans encombre.

14 h 30 on retrouve le soleil qui a pointé son nez et séché le sentier.Une heure plus tard, aux voitures, on entend des voix, nos amis sortent de la cavité. Finalement ils se sont arrêtés à la Salle du Sable à -234 en abandonnant le projet des Tuniques Bleues. Bilan de la sortie et direction Villeneuve pour remettre la clé à Kinou et surtout partager une mousse.

Belle sortie et bravo Albert pour être descendu aussi profond, souhaitons qu’à 79 ans on ait le même parcours.

JND