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Mardi 29 juillet – Trou du Moulin – Bouisse(11)

Mardi 29 juillet 2025
Spéléo, désob’
Le Trou du Moulin – Bouisse (11)

Participants
ITP / Spéléo Corbières Minervois : Jean-Noël D.
Gruissan Prospection Spéléo : André M.
Spéléo Corbières Minervois : Jean-Michel E.
Spéléo Club de l’Aude : Daniel C., Henri (Riton), Laurent H.
Autonome : Daniel M. (Masdan)

 TPST : six heures

Épisode 5
André a récupéré de sa grosse sortie à Cabrespine, le Tour de France est terminé, on est prêts pour une journée complète de spéléo. Toujours une bonne heure et demi de route sinueuse ; sur le plateau de Bouisse la canicule est terminée, un petit vent frisquet et un 18° C nous accueillent. On sera quatre à partir au front de désob’. JM et Riton en première ligne et derrière en soutien André et JN.

Pendant que l’on prépare le matos, dehors les deux Daniel font les porteurs d’eau pour amener plusieurs centaines de litres à l’entrée du trou afin de simuler une mini-crue pour voir où part l’actif au fond…

10 heures, la palanquée s’enfonce sous terre. Je ferme la marche, piano, piano. Passage de la faille verticale puis de la chatière et j’entends André me demander de remonter – étant le dernier – ils ont oublié la gamate avec le second perfo ! Ben faut-y-aller ! c’est le passage le plus ch… de la cavité et en plus redescendre avec une gamate qui a tendance à s’accrocher c’est un peu galère. Me voilà enfin derrière l’équipe du front de taille, une bonne demi-heure plus tard. La matinée est consacrée au déblaiement consécutif à l’énorme caresse finale de la séance précédente. Installation en haut d’un ressaut de 3 m et à quatre nous réussissons à caser tous les blocs et gravats après les avoir réduits à la masse de 10 kg descendue exprès.

De « furieuses parlementations » suivent, le boyau semble partir dans deux directions, une horizontale avec un semblant d’écho derrière les blocs et une verticale par un mince pertuis. Mais l’heure du repas a sonné, il est midi et demi. Pour la sortie je pars en premier de cordée, encouragé par André qui me recommande de bien prendre mon temps, pas de pression, solidarité spéléo oblige.

Dehors le temps est plus clément, JME nous installe un barbecue de campagne amovible dans un creux à l’abri pour une belle poêlée de merguez. Le rosé est encore frais. Et pour finir un fiadone maison qui n’a pas fait long feu… Avec de la brousse saison oblige. Les deux Daniel ont bien rigolé avec leur tentative de crue mais sans aucun résultat. On ne verra pas la moindre goutte d’eau arriver depuis la surface après le déversement du stock d’eau des Daniel…

14 heures, retour au turbin. Toujours dans le même ordre. Avec André notre mission est de reprendre méthodiquement tous les passages encore serrés sur le parcours jusqu’au fond actuel (environ 80 m de progression) afin de les rendre plus confort. Au moins six parlementations seront nécessaires et il reste encore du boulot.

Laurent nous a rejoint, nous double et file rejoindre JME et Riton pour aller gratter au fond. Ils descendent un petit ressaut et avancent de quelques mètres. La suite sera finalement dans le pertuis vertical. Un gros bloc en travers du passage est pulvérisé. Il ne reste plus qu’un pilier fortement fissuré et comprimé par une énorme dalle de 3 m de long sur 1 de large et autant en hauteur, laquelle soutient plusieurs blocs plus modestes. Après quelques habiles passes au fleuret de mineur JME parvient à tout effondrer. Vers 16 heures, un ressaut de 3 m s’ouvre, et cette fois c’est du neuf… Bon courant d’air, des vides partout, suite visible sur 5 ou 6 m droit devant, et jusqu’à 10 m à droite à travers un laminoir étroit mais on voit assez loin. Le courant d’air est bien présent.

On est clairement dans le passage de l’eau en hiver, tout est propre, décapé et anguleux. On laisse tout ça reposer jusqu’à la prochaine séance… on pourra peut-être passer au-dessus de l’ancien plafond…

Le retour se fera tranquille avec le soutien moral et un peu physique d’André pour le passage de la faille verticale. Un peu cassé j’aurais du mal à trouver les prises, heureusement qu’il y avait des mains secourables derrière. Et en plus il fallait remonter tous les kits de désobs et la masse de 10 kg. Il m’aura fallu deux bons jours pour récupérer.

JND/JME/Riton

Mardi 1er juillet 2025 – Le Trou du Moulin —Bouisse (11)

Mardi 1er juillet 2025
Spéléo, désob’
Le Trou du Moulin —Bouisse (11)

Participants
ITP / Spéléo Corbières Minervois / GPS : Jean-Noël D.
Gruissan Prospection Spéléo : André M.
Spéléo Corbières Minervois : Christophe B. (Stoche), Jean-Michel E.
Spéléo Club de l’Aude : Laurent H., Henri (Riton)
Autonome : Daniel M.(Masdan)

TPST : sept heures trente

Le moulin sans boudin

Sur l’initiative de Daniel M. retour à une très « ancienne » cavité délaissée depuis des décennies, le Trou du Moulin de Bouisse, dans les Hautes-Corbières. Ce trou très prometteur, avait été désobé il y a plusieurs décennies jusqu’à l’abandon forcé. Le propriétaire ne voulait pas de spéléos chez lui, il rebouchait l’entrée, y vidait ses pots de chambre et autres amabilités du même cru… Il a fini par vendre ce terrain. Daniel M. a bien fait les choses en contactant le nouveau propriétaire qui habite près de Narbonne et s’être arrangé avec lui.

Une redoutable marche d’approche de… 50m, l’entrée est située 100 m au sud de la première maison, et canalise par temps de pluie le plus gros des écoulements de surface. Les eaux ont été colorées plusieurs fois, et ressortent à la splendide résurgence de Montjoi, 1,8 km au nord-est et 200 m plus bas ! En face du cimetière, au-delà d’un jardin potager bien propret, dans un ilot de verdure quasi tropicale, surmonté d’un immense noyer, une dépression circulaire entourée de murets cyclopéens vous accueille, délicieusement rafraichie par les émanations telluriques du Trou du moulin.

Huit jours plus tôt Jean-Michel, Henri et Daniel ont débuté la désobstruction de la doline, désobstruction très particulière car ils ont extrait des kilos de détritus divers posés là, faute de ramassage bien organisé, au cours du temps. Comme partout, cette doline, idéalement situé à l’entrée du village, a servie de dépotoir pendant des lustres. Ils ont ressorti tous les témoignages de la vie campagnarde des 19 et 20e siècles : vaisselles, couverts, toupines, pots à graisse, casseroles, fait-tout tant en acier émaillé qu’en grés, fioles, bouteilles et plein de verre cassé, outils agricoles, chaines et toutes sortes de ferrailles, ossements de vaches, chevaux et autres volailles… Pas de restes humains, c’est normal car le cimetière est en face ! ! Pour s’apercevoir enfin que le trou se situait en fait 5 m plus loin, exactement sous l’arche encore intacte de l’ancien moulin !

Cette autre entrée crachait un souffle frais des plus sympathiques par ces temps de canicule… Mais ils avaient oublié à quel point l’accès à la belle galerie chaotique était étroit. Comme dit Stoche : « Quand nous marquions sur la topo de 1976 : zone étroiteˮ c’est que c’était… très étroit ! ! » tellement étroite que cinquante ans plus tard personne ne pouvait passer… Après trois « parlementations » successives, le passage est confortable jusqu’au début du court méandre qui précède la belle galerie.

Ce mardi, une bonne équipe inter-club, se constitue, toujours sur l’initiative de Daniel M., je retrouve André à Lézignan à 8 h 30 et direction Bouisse pour une heure quinze de route sinueuse, via Lagrasse, en remontant les gorges de l’Orbiel. Route bien connue que j’ai parcourue de nombreuses fois en vélo mais la montée vers Bouisse m’est inconnue. Belle grimpette de presque 400 m par une route étroite et sinueuse à de bons pourcentages. Bouisse est un petit village paisible de quelques âmes, au milieu d’une campagne verdoyante. On stationne près du lavoir et direction le trou, … 50 m plus loin !

Quel bonheur d’être à l’ombre et de travailler dans le souffle frais – il fait en moyenne 11° C dans les premiers mètres de la cavité, alors que dehors c’est l’enfer. L’élargissement jusqu’au méandre est confortable, après place aux spécialistes de la paille car il y a du boulot. Comment ont-ils pu passer là en 76 ? Toute la journée on se relaie pour les gamates, pause spuntinu à 13 heures, une seule bouteille de rosé, les Audois sont sérieux. Tout serait idyllique si la sécheresse actuelle nous interdisait la grillade habituelle. Hélas pas de boudin ni de saucisse grillés !

Bonne continuation du recalibrage version « papy », avec pas moins de trois perfo sur site et pas mal d’accus, sept salves de pailles permettent au toujours souple Jean-Michel de franchir la dernière chicane donnant dans la galerie. La prochaine session devrait être bonne pour enfin aller voir assez facilement le terminus atteint par Daniel, et qui semblait très prometteur.

Avis aux amateurs, c’est mardi prochain.

JND/JME/Riton